Des suspects aux profils variés
Les mis en cause, âgés de 25 à 75 ans, viennent d’horizons très différents. Parmi eux : un prêtre, un grand-père, un professeur de musique, un ambulancier… Beaucoup sont décrits comme des hommes « ordinaires », parfois perçus comme des pères de famille irréprochables. D’autres vivent seuls, sans casier judiciaire apparent. Tous étaient actifs sur Telegram, une messagerie connue pour son chiffrement renforcé.
Les enquêteurs ont découvert des conversations explicites, des échanges de contenus pédopornographiques ciblant parfois des enfants de moins de dix ans. Certains individus étaient en lien avec des pédocriminels déjà condamnés, considérés comme extrêmement dangereux et incarcérés depuis l’été dernier.
Une enquête lancée après un signalement
L’opération a démarré à la suite de l’arrestation de plusieurs agresseurs d’enfants en 2024. Ces derniers publiaient leurs méfaits sur Telegram. En analysant leurs échanges, les agents de l’Ofmin ont pu remonter jusqu’aux 55 hommes interpellés cette semaine.
Une cellule spécialisée de l’Ofmin s’est consacrée à l’infiltration de groupes, à l’analyse de milliers de messages et à la détection de fichiers illicites. Ce travail a permis d’identifier de nombreux complices. Certains suspects se vantaient même de leurs actes ou exprimaient leurs intentions de passage à l’acte.
Des interpellations dans 42 départements
Le coup de filet s’est déroulé dans 42 départements différents. Les chefs d’accusation varient, mais la majorité concerne la possession, la diffusion et la consultation régulière de fichiers pédopornographiques. Chaque cas a été traité par le parquet local, car le dossier n’est pas encore centralisé à ce stade.
Dans certaines régions, les comparutions immédiates ont débuté. L’un des individus, interpellé à Bordeaux, a déjà été condamné à trois ans de prison, dont deux ferme. Il faisait partie d’un réseau identifié par les enquêteurs dans plus de 50 pays.
Telegram pointé du doigt par les autorités
Pour le commissaire Quentin Bevan, chef du pôle opérationnel de l’Ofmin, Telegram reste un canal privilégié par les pédocriminels. Bien que la plateforme ait commencé à collaborer davantage depuis l’arrestation de son fondateur en France, elle reste selon lui insuffisamment engagée dans la lutte contre ce type de contenu.
Telegram affirme respecter la législation européenne, notamment le Digital Services Act, et indique avoir supprimé des milliers de contenus signalés via l’Internet Watch Foundation. Malgré cela, les autorités françaises estiment que la plateforme n’agit que sous la contrainte judiciaire.