C’est pour répondre à ces interrogations que des députés ont lancé, depuis le 13 mars 2025, une commission d’enquête parlementaire. Leur objectif est clair : comprendre l’impact psychologique du réseau sur les plus jeunes.
Une consultation nationale pour récolter des témoignages
Depuis le 23 avril, l’Assemblée nationale a mis en ligne un formulaire anonyme destiné à tous les utilisateurs mineurs de TikTok et à leurs parents. Accessible en dix minutes, ce questionnaire explore les usages réels de l’application. On y trouve des questions du type :
- As-tu déjà vu des contenus choquants ou violents ?
- T’es-tu déjà senti mal à l’aise après avoir regardé certaines vidéos ?
- As-tu confiance dans les infos qu’on te montre sur TikTok ?
- As-tu déjà été victime de harcèlement sur la plateforme ?
Cette démarche veut aller au-delà des statistiques pour donner la parole aux jeunes et à leur entourage. Les députés souhaitent s’ancrer dans le vécu des utilisateurs pour formuler des propositions vraiment connectées à la réalité.
Des influenceurs convoqués à l’Assemblée
Parmi les éléments forts de cette enquête : des TikTokeurs identifiés comme problématiques seront convoqués par les députés. Ceux qui créent du contenu potentiellement dangereux, toxique ou manipulateur devront venir expliquer leur démarche devant la commission.
Ce n’est pas tout : des experts, des parents, des associations de victimes et même les dirigeants de TikTok en France et en Europe seront également entendus. Les parlementaires veulent ainsi analyser toutes les facettes de la plateforme, de son algorithme à ses choix de modération.
TikTok face à ses responsabilités
Ce que les députés pointent du doigt, c’est que TikTok n’est pas neutre. Les contenus mis en avant sont choisis selon des règles que personne ne comprend vraiment. Et ça pose un vrai souci.
Comme l’explique Laure Miller, députée Renaissance et rapporteure de la commission :
TikTok ne peut pas juste dire qu’il est une simple plateforme. Il y a des logiques éditoriales, des choix algorithmiques qui orientent ce qu’un ado va voir ou non. Il faut qu’on mette ça sur la table.
Cette prise de conscience pousse à repenser la responsabilité des réseaux sociaux : quand une vidéo pousse à l’auto-dévalorisation, à des troubles alimentaires, ou à une violence banalisée, qui est responsable ? Le créateur ? L’algorithme ? La plateforme ?
Vers un encadrement spécifique en France
L’ambition des députés est d’aller plus loin que les simples recommandations. Ils envisagent de proposer un modèle d’encadrement français, complémentaire aux régulations déjà actives à l’échelle européenne.
Ce cadre viserait à :
- Renforcer la protection des mineurs face aux contenus toxiques
- Imposer plus de transparence sur l’algorithme
- Responsabiliser les créateurs qui touchent une audience jeune
- Clarifier les obligations des plateformes en matière de modération
Cette enquête s’inscrit dans une volonté politique forte : celle de ne pas laisser les géants du numérique faire la loi dans l’espace mental et social des ados.