Ce que l’on sait de l’affaire
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 15 au 16 septembre 2025, dans la galerie de Minéralogie du Muséum à Paris. Selon l’enquête, une personne s’est introduite par effraction, a découpé deux portes à la disqueuse, puis a attaqué la vitrine blindée au chalumeau. Le butin : environ six kilos d’or natif, pour un préjudice évalué à près de 1,5 million d’euros (sans compter la valeur scientifique et patrimoniale, jugée « inestimable »).
Une interpellation à Barcelone
La suspecte a été arrêtée à Barcelone le 30 septembre en exécution d’un mandat d’arrêt européen, puis remise aux autorités françaises le 13 octobre. Au moment de son interpellation, elle aurait tenté de se débarrasser d’environ 1 kilo d’or fondu. Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire et confié les investigations à la Brigade de répression du banditisme (BRB).
« Les éléments saisis et l’analyse des vidéosurveillances confirment une intrusion nocturne méthodique, avec usage d’outillage lourd et ciblage d’objets d’un intérêt historique majeur. »
Des pièces historiques disparues
Parmi les objets volés, les conservateurs mentionnent des pépites de Bolivie (léguées à l’Académie des sciences au XVIIIe siècle), de l’Oural (offerte en 1833 par le tsar Nicolas Ier), de Californie (période de la ruée vers l’or), ainsi qu’une pépite australienne de plus de 5 kg (découverte en 1990). Des éléments évoquent aussi un quartz aurifère de Guyane du XIXe siècle. Autant de pièces rares, souvent uniques, dont la valeur dépasse largement le seul prix du métal.
Pourquoi « or natif » vaut plus cher
On parle d’or natif lorsque le métal est trouvé à l’état naturel, sous forme de pépite ou d’inclusions dans la roche. Sa valeur repose sur la rareté, la pureté et l’intérêt scientifique. Une pépite intacte, documentée et exposée, vaut bien davantage qu’un lingot refondu, qui perd l’ensemble de ses informations historiques (provenance, datation, contexte géologique).
L’enquête se poursuit
Si une mise en examen a été prononcée, les investigations continuent pour établir l’existence d’éventuels complices et retracer le cheminement du butin. Les enquêteurs cherchent notamment à comprendre ce qu’il est advenu des pièces non retrouvées, et si un relais international a facilité l’écoulement d’une partie de l’or, possiblement après fonte.
Un contexte de vols en série
Ce cambriolage intervient dans un climat tendu pour les institutions culturelles, après d’autres affaires très médiatisées. Il relance le débat sur la sécurisation des musées : contrôles d’accès, rondes nocturnes, capteurs, résistance des vitrines, et coopération entre établissements. Les professionnels rappellent toutefois que la protection absolue n’existe pas et que les auteurs s’adaptent aux dispositifs.
Les points clés à retenir
- Date : nuit du 15 au 16 septembre 2025, galerie de Minéralogie du Muséum.
- Mode opératoire : effraction, disqueuse sur portes, chalumeau sur vitrine.
- Butin : environ 6 kg d’or natif (préjudice ≈ 1,5 M€), pièces historiques.
- Procédure : arrestation à Barcelone, mise en examen et détention provisoire en France.
- Suite : recherche de complices, traque des filières de revente et de fonte.
Et maintenant ?
L’issue dépendra de la capacité des enquêteurs à remonter les filières et à retrouver les pièces avant leur disparition définitive. Côté institutions, l’heure est aux audits de sécurité et au partage de bonnes pratiques : technologies anti-intrusion, vitrines de nouvelle génération, alertes croisées entre musées et forces de l’ordre, sensibilisation du marché de l’art aux biens culturels à risque.








