L’idée, portée initialement par Gabriel Attal puis confirmée par Anne Genetet et Élisabeth Borne, s’inscrit dans une dynamique plus large : rehausser le niveau général des élèves français, alors que les résultats au classement Pisa ne cessent de baisser.
Une épreuve anticipée en première, à côté du français
La nouveauté majeure, c’est que l’épreuve de mathématiques ne se déroulera plus en terminale, mais en première, en même temps que l’épreuve anticipée de français. L’objectif ? Valoriser cette discipline dès la première, tout en permettant d’intégrer la note dans le dossier Parcoursup.
Concrètement, tous les élèves en filière générale et technologique sont concernés, y compris ceux qui ne suivent pas la spécialité mathématiques. L’épreuve portera donc sur des notions communes à tous, avec un coefficient 2.
Comment va se dérouler cette nouvelle épreuve ?
Une première partie en QCM
Ce questionnaire à choix multiples vise à tester rapidement et efficacement des connaissances de base en logique, calculs, et raisonnement. L’idée serait de corriger cette partie automatiquement, ce qui ne plaît pas du tout aux syndicats enseignants, qui dénoncent une perte de qualité dans l’évaluation.
Une deuxième partie avec des exercices classiques
Il s’agira ici de résoudre un ou plusieurs problèmes mathématiques. Cette section nécessitera de mobiliser des méthodes plus traditionnelles et d’expliquer sa démarche. Les enseignants craignent une surcharge de travail liée à cette correction manuelle, surtout en période d’examens anticipés déjà bien remplie.
Durée et coefficient
- Durée : 2 heures
- Coefficient : 2
Une réforme loin de faire l’unanimité
Préparer à la fois le français et les maths dès la fin de la première, c’est beaucoup, surtout que cette période est déjà stressante. Certains dénoncent un calendrier trop dense et une montée en pression mal gérée.
Les professeurs sont eux aussi impactés : correction manuelle, organisation en interne, charge supplémentaire… le tout sans moyens humains ni financiers supplémentaires. De plus, les syndicats s’opposent à la correction automatique du QCM, qu’ils jugent déshumanisante.
Lors de la présentation officielle de cette réforme, le Conseil supérieur de l’éducation (CSE) a voté contre, à l’unanimité. Aucune voix pour, 27 contre, 31 abstentions : le message est clair. Pourtant, ce vote étant consultatif, le ministère pourrait malgré tout aller au bout du projet.
Un contexte éducatif déjà fragilisé
Cette réforme s’ajoute à d’autres mesures prévues dès la rentrée 2026, comme le parcours renforcé en seconde pour les élèves n’ayant pas obtenu leur brevet. Là aussi, les critiques pleuvent : manque de moyens, d’objectifs clairs, et d’encadrement. Beaucoup parlent d’un système « patché » à coups de réformes successives, sans vision globale.
Dans ce climat tendu, les mathématiques deviennent le symbole d’un bac en perpétuelle mutation, souvent au détriment de la sérénité des élèves. Alors que beaucoup tentent déjà de jongler entre les attentes de Parcoursup, les devoirs, les stages et les projets perso, cette nouvelle épreuve pourrait être la goutte de trop.
Pourquoi cette réforme arrive maintenant ?
Le ministère justifie cette mise en place par le besoin de revaloriser les savoirs fondamentaux, dans un contexte de baisse de niveau généralisée en mathématiques. En vingt ans, la France a perdu près de 40 points dans les évaluations Pisa. Réintroduire les maths dans le socle commun serait donc une tentative de reprise en main du système éducatif.
Mais pour beaucoup, c’est l’absence de concertation et la précipitation qui posent problème. La réforme semble décidée d’en haut, sans prendre en compte les retours du terrain.
Une nouvelle pression pour les générations futures
Si cette épreuve voit bien le jour dès 2026, les élèves actuellement en seconde seront les premiers à la passer. Ils devront donc anticiper cette échéance dès la rentrée prochaine, avec des profs eux-mêmes parfois dans le flou sur le programme exact.
Ce sont surtout les élèves qui ne suivent pas la spécialité maths qui risquent d’en pâtir, car ils auront moins de temps pour s’y préparer. Pour eux, cette nouvelle épreuve pourrait apparaître comme un obstacle supplémentaire, alors même qu’ils avaient choisi de ne pas faire de maths en terminale.
Derrière cette nouvelle épreuve, il y a surtout la volonté de corriger certaines erreurs de la réforme Blanquer. Supprimer les maths du tronc commun avait provoqué une vraie levée de boucliers. Aujourd’hui, cette tentative de réintroduction ressemble à un compromis, mais elle arrive tard, et sans réelle stratégie pédagogique cohérente.
Pour les élèves, il s’agit donc de s’adapter, encore une fois, à un bac qui change constamment. Et pour les enseignants, c’est une énième réforme à mettre en œuvre, souvent sans les moyens ni la reconnaissance qui devraient aller avec.
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