Crypto & Fisc : ce qui vous attend en 2026

Profitez bien de votre année 2025, car elle marque la fin d’une ère. Si vous pensiez que vos avoirs en cryptomonnaies dormaient tranquillement à l’abri des regards sur une plateforme étrangère, le réveil du 1er janvier 2026 risque d’être brutal. La directive européenne DAC 8 entre en piste, et avec elle, le fisc français s’offre une paire de lunettes à rayons X sur vos portefeuilles européens.
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DAC 8 : La fin du « pas vu, pas pris »

Jusqu’ici, il y avait deux mondes. D’un côté, les plateformes françaises (enregistrées PSAN) qui collaboraient déjà étroitement avec l’administration. De l’autre, les géants installés ailleurs en Europe (Irlande, Malte, Lituanie, Chypre) qui restaient souvent des angles morts pour Bercy.

Dès le 1er janvier 2026, cette distinction s’effondre. En vertu de la directive DAC 8, toutes les plateformes opérant dans l’Union européenne — qu’il s’agisse de Binance, Coinbase, Kraken ou eToro — auront l’obligation légale de jouer les mouchards. Elles devront transmettre automatiquement (et non plus sur demande judiciaire) une mine d’informations aux autorités fiscales :

  • Votre identité complète (le fameux KYC).
  • Le solde exact de vos portefeuilles au 31 décembre.
  • Le détail de toutes vos transactions (crypto vers euro, mais aussi crypto vers crypto).
  • Les montants transférés vers des portefeuilles externes.

Concrètement, si vous avez ouvert un compte sur une plateforme chypriote il y a trois ans et que vous l’avez « oublié », le fisc, lui, sera au courant. Les premiers échanges de données auront lieu en septembre 2027, couvrant l’année 2026.

Le paradoxe administratif : tout savoir, mais ne rien faire

C’est ici que la situation devient ironique, voire frustrante pour l’utilisateur. On pourrait penser que puisque l’administration fiscale reçoit toutes vos données, elle aurait la gentillesse de pré-remplir votre déclaration d’impôts, comme elle le fait pour vos salaires.

Spoiler : non.

L’administration va utiliser ces données pour le contrôle, pas pour vous faciliter la tâche. Vous devrez toujours :

  1. Calculer vous-même vos plus-values selon la méthode complexe du PAMP (Prix d’Acquisition Moyen Pondéré).
  2. Remplir le formulaire 2086 pour les cessions.
  3. Lister vos comptes étrangers via le formulaire 3916-bis.

C’est le pire des deux mondes : une transparence totale imposée, mais une complexité déclarative qui reste entièrement à votre charge. Si vous vous trompez dans vos calculs alors qu’ils ont les bons chiffres, le redressement sera facile pour eux.

La facture risque d’être salée

L’objectif affiché par Bruxelles est clair : lutter contre la fraude et l’évasion fiscale. Pour ceux qui ont joué le jeu, rien ne change (si ce n’est la sensation d’être surveillé). Pour les autres, l’addition peut monter très vite.

L’amende pour un compte détenu à l’étranger non déclaré est de 750 € par compte et par an (ou 1 500 € si le portefeuille dépasse 50 000 €). Faites le calcul : si vous avez ouvert 3 comptes sur différentes plateformes pour tester des « shitcoins » et que vous avez omis de les déclarer pendant 3 ans, l’amende tombe automatiquement, même si vous n’avez fait aucune plus-value.

Pire encore, si le fisc prouve que vous avez dissimulé des actifs, la majoration peut atteindre 80 % de l’impôt dû, sans compter les intérêts de retard.

Sécurité : le revers de la médaille

Au-delà de l’aspect financier, cette directive soulève une inquiétude majeure chez les experts en sécurité : la protection de vos données physiques. En centralisant et en partageant massivement des données sensibles sur la richesse des individus, on multiplie les points de défaillance.

Le risque ? Que ces bases de données fuitent. Dans l’univers crypto, savoir qu’une personne détient une somme importante est une information critique qui peut mener à des attaques ciblées, des cambriolages, voire des enlèvements, comme cela a malheureusement été rapporté récemment.

Il reste quelques zones d’ombre

Si l’étau se resserre, tout n’est pas encore sous contrôle total. La directive DAC 8 a ses limites :

  • La DeFi (Finance Décentralisée) : Les échanges sur des protocoles sans intermédiaires (DEX) comme Uniswap restent techniquement difficiles à tracer automatiquement.
  • Les Cold Wallets : Vos clés Ledger ou Trezor ne « parlent » pas au fisc. Mais attention : si vous utilisez les services d’achat intégrés (via des partenaires comme MoonPay ou Coinify), ces derniers sont soumis à la directive.
  • Les plateformes hors-UE : Une plateforme 100% basée en Asie sans entité européenne pourrait théoriquement passer sous les radars, mais les virements bancaires pour y envoyer des fonds, eux, seront tracés.

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