Une disparition qui tourne au drame
Début octobre, Roman et Anna Novak quittent leur domicile de Dubaï pour un court séjour dans la région de Hatta, à la frontière avec Oman. Leur chauffeur les dépose à proximité d’un site touristique. Le couple monte alors dans un autre véhicule. Ce sera la dernière fois qu’ils seront vus vivants. Quelques jours plus tard, leurs téléphones cessent d’émettre et le silence s’installe. Les proches donnent rapidement l’alerte, mais les recherches restent sans résultat pendant plusieurs semaines.
Ce n’est qu’à la mi-novembre que la police des Émirats arabes unis annonce une découverte macabre : deux corps démembrés, enterrés dans le désert, identifiés comme ceux du couple Novak. Les enquêteurs évoquent la piste d’un enlèvement ayant mal tourné. Le scénario le plus probable ? Des criminels auraient tenté d’obtenir une rançon ou l’accès aux avoirs numériques du milliardaire avant de les tuer.
Un entrepreneur crypto au passé trouble
Roman Novak, 39 ans, n’était pas un inconnu dans le monde des affaires. Ancien développeur et trader, il s’était bâti une réputation aussi rapide que controversée dans le milieu des cryptomonnaies. En 2020, il est condamné en Russie à six ans de prison pour fraude à grande échelle, avant d’être libéré plus tôt que prévu. Peu après, il s’installe à Dubaï, où il fonde la plateforme Fintopio, censée simplifier les transferts de monnaie numérique entre pays.
Le projet séduit rapidement des investisseurs du monde entier. On parle de plus de 500 millions de dollars levés auprès de partenaires en Russie, en Chine et au Moyen-Orient. Mais derrière les promesses d’innovation, les accusations d’escroquerie se multiplient. Plusieurs investisseurs affirment avoir perdu d’importantes sommes, tandis que les employés se plaignent de salaires impayés. Novak, lui, continue d’afficher sa réussite sur les réseaux sociaux, entouré de voitures de luxe et d’un train de vie fastueux.
Un enlèvement pour un coffre-fort vide
Les premières conclusions de l’enquête évoquent un règlement de comptes financier. Les ravisseurs auraient espéré soutirer les codes d’accès au portefeuille numérique de Roman Novak. Mais selon plusieurs sources, le coffre-fort crypto était en réalité vide. Une situation qui aurait provoqué la colère des assaillants, menant à un double meurtre d’une extrême violence.
Des indices retrouvés dans la villa du couple à Dubaï appuient cette version. Des traces de lutte et de sang ont été relevées, laissant penser que Roman et Anna ont été tués avant d’être transportés dans le désert pour y être dissimulés.
Sept suspects arrêtés entre la Russie et le Kazakhstan
Les autorités russes ont rapidement pris part à l’enquête. Selon le comité d’enquête de Moscou, sept personnes ont été interpellées à Stavropol et à Saint-Pétersbourg. Trois sont soupçonnées d’avoir participé directement au meurtre, tandis que les quatre autres sont poursuivies pour blanchiment d’argent. Les suspects seraient originaires de Russie et du Kazakhstan, et certains auraient même investi personnellement dans les projets de Novak, cherchant à récupérer leurs pertes.
Les arrestations ont eu lieu en coordination avec les autorités des Émirats arabes unis. Les enquêteurs tentent désormais de reconstituer le fil de l’enlèvement et de déterminer si d’autres complices se cachent encore à Dubaï ou ailleurs. Une coopération judiciaire internationale a été ouverte pour rapatrier les suspects et poursuivre les investigations.
Un couple entre luxe et zones d’ombre
Roman et Anna Novak affichaient régulièrement leur richesse sur Instagram, posant devant leurs voitures de sport et leurs voyages de rêve. Le couple incarnait l’image typique des nouveaux riches du monde crypto : fortune rapide, influence en ligne, et business opaque. Leur histoire s’achève brutalement, laissant derrière eux deux jeunes enfants orphelins, désormais confiés à leurs proches.
« L’affaire Roman Novak illustre la face sombre des cryptomonnaies, entre fortune éclair et dérives criminelles », a commenté un analyste financier russe cité par le média BeInCrypto.
