Les petits patrons gagnent 21 % de moins que le salaire médian français

Oubliez l’image d’Épinal du patron qui roule sur l’or dès la création de sa boîte. La réalité est beaucoup plus nuancée, voire brutale. Une étude récente vient de jeter un pavé dans la mare : en France, les petits patrons gagnent 21 % de moins que le salaire médian français. Entre stratégies fiscales, précarité assumée et vraies galères, on décrypte pour vous ce que gagnent vraiment ceux qui ont osé se lancer.
petits patrons

La moitié des dirigeants ne se versent… rien du tout

C’est le chiffre qui fait mal. Selon le baromètre du cabinet comptable Dougs, qui a analysé les bilans de plus de 20 000 TPE (SASU et EURL), 53 % des entrepreneurs ne se versent aucune rémunération. Zéro. Nada.

Est-ce synonyme de faillite ? Pas forcément. Pour beaucoup, c’est un calcul stratégique. Au démarrage, la trésorerie est le nerf de la guerre. Ne pas se payer permet de laisser l’argent dans la boîte pour investir ou rassurer les banques. Mais il y a une autre explication, moins glorieuse mais très pratique : 62 % de ces dirigeants « sans salaire » touchent en réalité l’ARE (Aide au Retour à l’Emploi). France Travail joue donc souvent le rôle de premier financeur des startups françaises, permettant aux créateurs de vivre le temps que leur business décolle.

1 803 € par mois : le vrai visage de la rémunération

Pour les 47 % de courageux qui parviennent à se payer, la fête n’est pas aussi folle qu’on l’imagine. Leur rémunération médiane plafonne à 1 803 euros nets par mois. À titre de comparaison, le salaire médian d’un salarié classique en 2024 grimpe à 2 190 euros. C’est là que se creuse cet écart fatidique de 21 %.

Il faut toutefois nuancer ce tableau un peu sombre. Le dirigeant d’entreprise dispose de leviers invisibles sur sa fiche de paie. Faire passer une partie du loyer en charges d’entreprise (si le siège est à domicile) ou bénéficier d’une voiture de fonction sont des avantages en nature qui gonflent le pouvoir d’achat réel, sans apparaître dans le virement de fin de mois.

Le dilemme : salaire sécurisant ou dividendes juteux ?

Quand on est son propre patron, on choisit comment on se paie. Et ce choix change tout :

  • Le choix de la sécurité (Le Salaire) : C’est l’option majoritaire (60 %). On paie ses cotisations, on valide sa retraite, on a une sécu au top. Revers de la médaille : les charges sont lourdes. Résultat, ceux qui choisissent le 100 % salaire gagnent une misère, avec une médiane à 1 251 euros par mois, soit moins que le SMIC.
  • Le choix du cash (Les Dividendes) : C’est le pari risqué. On se paie une fois par an, après le bilan. Pas de cotisations sociales, mais pas de protection non plus. En revanche, le jackpot est là : ceux qui misent tout sur les dividendes touchent en moyenne 52 000 euros par an.
  • Le mix intelligent : Se verser un petit salaire pour la sécu et compléter avec des dividendes. Cette stratégie hybride permet d’atteindre une médiane plus confortable de 2 400 euros par mois.

Auto-entrepreneurs : la grande précarité

Si les dirigeants de sociétés (SASU/EURL) tirent parfois leur épingle du jeu, la situation est bien plus critique pour les micro-entrepreneurs. Ils sont entre 2,5 et 2,7 millions en France, et pour eux, les chiffres donnent le vertige.

Le revenu médian d’un auto-entrepreneur n’est que de 340 euros par mois. Un chiffre plombé par le fait que beaucoup utilisent ce statut comme un simple complément de revenu (étudiants, salariés, retraités). Mais même pour ceux qui charbonnent à temps plein, c’est dur. Dans les services à la personne ou la livraison, les revenus peinent souvent à dépasser les 500 euros mensuels. Seuls certains secteurs techniques (BTP, ingénierie) ou les chauffeurs VTC acharnés (60h/semaine) parviennent à dégager un SMIC ou plus.

Comparatif des revenus médians par statut

StatutRevenu médian mensuel (Net estimé)Tendance
Salarié (Privé)2 190 €Référence nationale
Dirigeant TPE (SASU/EURL)1 803 €– 21 % vs Salarié
Auto-entrepreneur340 €Disparités extrêmes
Dirigeant (Dividendes 100%)~ 4 300 € (Brut annuel / 12)Stratégie risquée mais payante

Entreprendre reste un pari. Si la liberté n’a pas de prix, elle a visiblement un coût. Ces chiffres montrent que derrière la « Start-up Nation », il y a surtout beaucoup de débrouille, de prise de risque et de mois difficiles avant d’espérer dépasser le niveau de vie d’un salarié lambda.

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