Brut, net, net imposable : la base à connaître
Sur ton bulletin, trois montants dominent :
- Salaire brut : total avant toute déduction. Il inclut salaire de base, primes, majorations, avantages en nature.
- Salaire net avant impôt (aussi appelé « net à payer avant impôt ») : ce que tu touches après cotisations sociales (santé, retraite, chômage…) mais avant l’impôt sur le revenu.
- Salaire net à payer (après impôt) : la somme réellement virée sur ton compte après prélèvement à la source.
Le petit piège : le net imposable
Tu verras aussi un net imposable. Il sert à calculer l’impôt et il est souvent un peu plus élevé que ton net avant impôt, car certaines cotisations ne sont pas déductibles fiscalement (ex. part non déductible de CSG/CRDS) et certains éléments financés par l’employeur (ex. mutuelle) deviennent imposables.
Le montant net social
Depuis 2023, les fiches affichent aussi le montant net social. C’est la référence pour déclarer tes revenus aux organismes comme la Caf. Il se calcule différemment du net imposable et du net à payer. Retient juste : c’est une base standardisée destinée aux démarches sociales.
Pourquoi le brut « fond » : où va la différence
L’écart brut → net correspond aux cotisations et contributions qui te couvrent au quotidien (santé, retraite, chômage, prévoyance) et au prélèvement à la source si tu es imposable. Les taux exacts varient selon la convention de ton entreprise, ton statut, ton âge, ta localisation… mais on peut donner des ordres de grandeur utiles pour se repérer.
Ordres de grandeur à garder en tête
- Privé non-cadre : environ 22–23 % du brut partent en cotisations (avant impôt).
- Privé cadre : autour de 24–25 % (prévoyance obligatoire, Apec, etc.).
- Fonction publique : environ 16–19 % (pas de cotisation chômage, maladie salariale spécifique).
- Apprentissage : brut ≈ net (exonérations), mais reste vigilant sur l’impôt et les plafonds d’exonération.
Zoom rapide sur quelques lignes fréquentes
Ces lignes peuvent apparaître sur ta fiche, avec des taux qui bougent légèrement selon les cas :
Rubrique | À quoi ça sert | Ordre de grandeur côté salarié* |
---|---|---|
Sécurité sociale (maladie, maternité…) | Couverture de base santé | ≈ 0,75 % |
Vieillesse de base | Retraite régime général | ≈ 6,9 % |
Retraite complémentaire (Agirc-Arrco) | Points de retraite supplémentaires | ≈ 3–4 % |
CSG/CRDS | Contributions sociales | ≈ 9,7 % appliqués sur 98,25 % d’assiette |
Assurance chômage | Protection en cas de perte d’emploi | 0 % côté salarié (part employeur) |
*Indications pédagogiques : elles varient selon conventions et paramètres. Réfère-toi toujours à ta fiche et aux textes applicables.
Prélèvement à la source : l’impôt en temps réel
Depuis 2019, l’impôt sur le revenu est prélevé chaque mois par l’employeur selon ton taux communiqué par l’administration (personnalisé, neutre, individualisé…). Si tes revenus sont trop bas, le taux peut être à 0 %, donc pas d’impôt prélevé. Tu peux demander une mise à jour du taux en cas de changement de situation (mariage, chômage, hausse/baisse de revenu).
« Pense en net au quotidien, négocie en brut à l’embauche. »
Lire sa fiche sans paniquer : mini glossaire opérationnel
Libellé sur la fiche | Ce que ça veut dire | Ce que tu dois vérifier |
---|---|---|
Salaire brut | Total avant déductions (base + primes…) | Conforme au contrat ? Primes correctement intégrées ? |
Total cotisations salariales | Somme des retenues sociales | Ordre de grandeur cohérent (22–25 % privé, 16–19 % public) ? |
Net à payer avant impôt | Ce qui reste après cotisations | C’est ta base avant prélèvement à la source |
Net imposable | Montant fiscal de référence | Souvent supérieur au net avant impôt : normal |
Prélèvement à la source | Acompte d’impôt mensuel | Taux et montant conformes à ton espace impots.gouv.fr ? |
Montant net social | Référence pour les prestations sociales | À utiliser pour Caf/MSA si besoin |
Net à payer | Somme réellement versée | Doit correspondre au virement reçu |
Exemples concrets : passer du brut au net (ordre de grandeur)
Les calculs précis dépendent de ta situation. Voici des estimations pédagogiques pour te repérer rapidement :
Scénario 1 — salarié du privé non-cadre (≈ 23 % de charges, hors impôt)
Brut mensuel (€) | Estimation net avant impôt (€) | Si PAS à 5 % → net à payer (€) |
---|---|---|
1 700 | ~ 1 309 | ~ 1 244 |
2 000 | ~ 1 540 | ~ 1 463 |
2 500 | ~ 1 925 | ~ 1 829 |
3 000 | ~ 2 310 | ~ 2 195 |
Scénario 2 — salarié du privé cadre (≈ 25 % de charges, hors impôt)
Brut mensuel (€) | Estimation net avant impôt (€) | Si PAS à 8 % → net à payer (€) |
---|---|---|
2 500 | ~ 1 875 | ~ 1 725 |
3 000 | ~ 2 250 | ~ 2 070 |
4 000 | ~ 3 000 | ~ 2 760 |
Astuce mentale : pour un ordre de grandeur rapide, retire ~23 % si tu es non-cadre, ~25 % si tu es cadre, puis applique ton taux de prélèvement à la source sur le résultat. Ajuste ensuite avec ta fiche réelle.
Cas particuliers utiles
Alternance : apprentissage vs professionnalisation
- Apprentissage : exonérations importantes → souvent brut ≈ net (hors impôt, avec plafonds d’exonération d’IR).
- Professionnalisation : soumis aux cotisations classiques → brut et net différents.
Fonction publique
Les agents publics ont des règles et une structure de rémunération spécifiques (indice, primes). L’écart brut → net est généralement plus faible que dans le privé (souvent 16–19 %), car la composition des cotisations diffère (ex. pas de chômage côté salarié).
Exemple pas à pas (pédagogique)
Tu signes à 2 000 € brut dans le privé non-cadre.
- Cotisations salariales (~23 %) : 2 000 × 23 % ≈ 460 €.
- Net avant impôt ≈ 2 000 − 460 = 1 540 €.
- Prélèvement à la source (supposons 5 %) : 1 540 × 5 % ≈ 77 €.
- Net à payer ≈ 1 540 − 77 = 1 463 €.
Ton bulletin affichera aussi un net imposable, légèrement supérieur au net avant impôt, du fait de la part non déductible de certaines contributions.
Négocier et budgéter avec les bons repères
Avant de signer : pense en « net »
- Quand on te propose un brut, convertis-le mentalement en net avec les ordres de grandeur ci-dessus.
- Ne néglige pas les avantages : titres-resto, mutuelle, pass transports, intéressement, RTT… Ça compte dans ton pouvoir d’achat.
Une fois en poste : lis (vraiment) ta fiche
- Vérifie que net à payer = virement reçu.
- Garde un œil sur le taux de PAS : s’il ne colle plus à ta situation, demande une mise à jour sur ton espace impôts.
- Utilise le montant net social pour les démarches Caf/MSA.
Boîte à outils minute
- Simulateurs brut/net : idéals pour une estimation fine (URSSAF, service-public, simulateurs RH). Pratiques pour comparer deux offres.
- Règle éclair : non-cadre ~ −23 %, cadre ~ −25 %, puis applique ton taux PAS.
- Check-list : brut = contrat ? primes bien comptées ? net imposable > net avant impôt (normal) ? net social présent ?
Questions qu’on ose poser en entretien (et qui changent tout)
- « À 2 800 € brut, ça représente combien en net mensuel selon vos paramètres ? »
- « Quelles primes et avantages sont inclus (et imposables) ? »
- « Quelle mutuelle (cotisation salariale), quel niveau de prévoyance ? »
Le but n’est pas de devenir fiscaliste. Juste de savoir où va chaque euro, d’anticiper ton net à payer et de faire des choix éclairés. Une fois ces repères acquis, lire ta fiche devient un réflexe… et négocier ton salaire aussi.