Études

11,5 % de baisse des inscrits en école d’ingénieurs en 2023

Le collectif Maths et Sciences tire la sonnette d’alarme face à une situation préoccupante : une baisse de 11,5 % des inscriptions en école d’ingénieurs à la rentrée 2023. Ce recul, qui marque une rupture avec une dynamique positive observée depuis des décennies, pourrait avoir des répercussions majeures sur l’avenir des filières scientifiques et technologiques en France.

Les réformes éducatives pointées du doigt

Pour le collectif, l’une des causes principales de cette diminution est la réforme du lycée et du baccalauréat introduite en 2021. Cette réforme, initiée sous l’ancien ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, a modifié l’organisation des enseignements au lycée. En remplaçant les séries traditionnelles par des enseignements de spécialité, elle a considérablement restreint l’accès aux sciences pour les élèves, et particulièrement pour les lycéennes. Le collectif déplore que cette réforme ait freiné l’orientation des jeunes vers les formations scientifiques, réduisant ainsi le nombre de candidats potentiels aux écoles d’ingénieurs.

Dans un contexte où les besoins en ingénieurs sont en constante augmentation, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables et du numérique, cette baisse est alarmante. La Conférence des Directeurs des Écoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI) rappelle que la France a déjà un déficit de 15 000 ingénieurs diplômés par an, et la tendance pourrait s’aggraver avec la baisse des inscriptions.

Des chiffres qui inquiètent

Les chiffres sont clairs : à la rentrée 2023, 42 239 étudiants se sont inscrits en première année dans les écoles d’ingénieurs, contre 47 745 l’année précédente, soit une baisse de 11,5 %. Cette chute survient malgré une augmentation du nombre de places disponibles dans ces écoles, et c’est la première fois depuis plusieurs décennies que l’on observe un tel recul.

Le collectif redoute que cette diminution du nombre d’inscrits entraîne une baisse du niveau des candidats d’ici 2026, un moment critique où la demande en ingénieurs devrait exploser, notamment avec la mise en œuvre du plan en faveur des énergies vertes lancé par le gouvernement.

Réforme du BUT et crise sanitaire : des facteurs aggravants

Le collectif Maths et Sciences identifie également la réforme du Bachelor universitaire de technologie (BUT), mise en place en 2021, comme un facteur ayant contribué à la diminution du nombre de candidats aux écoles d’ingénieurs. Le passage du DUT au BUT a allongé la durée des études et modifié les passerelles vers les filières d’ingénierie. Résultat : le nombre d’étudiants issus des IUT poursuivant en école d’ingénieurs a été divisé par deux entre 2022 et 2023, avec une perte de 3 900 candidats.

Bien que la crise sanitaire ait perturbé le système éducatif, le collectif estime que son impact sur la baisse des inscriptions en école d’ingénieurs est mineur. En effet, les inscriptions d’étudiants étrangers, qui auraient également dû être affectées par la pandémie, ont en réalité augmenté en 2023. Cela indique que les réformes structurelles du système éducatif ont eu un impact bien plus significatif que la crise sanitaire.

Une menace pour l’avenir scientifique de la France

La baisse des inscriptions en école d’ingénieurs est un signal d’alerte pour l’avenir scientifique et technologique de la France. Avec des secteurs stratégiques comme les énergies renouvelables, la transition numérique et l’innovation industrielle qui nécessitent un haut niveau de compétences scientifiques, cette crise dans l’enseignement scientifique pourrait fragiliser la compétitivité du pays sur la scène internationale.

Le collectif Maths et Sciences appelle à une réforme urgente du système éducatif, notamment en renforçant l’enseignement des sciences dès le lycée. Il propose de rétablir trois disciplines scientifiques en terminale et d’augmenter les heures de sciences obligatoires pour garantir un vivier suffisant de jeunes talents formés aux filières scientifiques.

Pour faire face aux défis à venir, le collectif plaide pour une refonte complète de l’organisation du lycée et une valorisation des sciences. Le renforcement de l’accès aux filières scientifiques, dès les premières années du lycée, est essentiel pour assurer un futur solide en matière de technologie et d’innovation. Sans des mesures rapides et efficaces, la France pourrait se retrouver confrontée à une pénurie d’ingénieurs qualifiés, compromettant ainsi son rôle de leader scientifique dans les décennies à venir.

Le message du collectif est clair : pour répondre aux enjeux du 21ᵉ siècle, il est essentiel de réformer le système éducatif pour qu’il forme la prochaine génération de scientifiques et d’ingénieurs qui joueront un rôle clé dans l’avenir de la France.