Études

23 étudiants infirmiers ont saisi le tribunal administratif de Marseille

Une controverse secoue actuellement l’université d’Aix-Marseille dans les Bouches-du-Rhône, où 23 étudiants en soins infirmiers ont déposé un recours devant le tribunal administratif de Marseille pour contester leur non-admission en deuxième année de médecine.

Ils critiquent notamment un système d’harmonisation des notes qu’ils estiment injuste, affirmant qu’il pénalise les étudiants les plus performants.

Un système d’harmonisation des notes contesté

Ces étudiants, inscrits en licence Ifsi (Institut français des soins infirmiers) à l’université d’Aix-Marseille, se sont retrouvés recalés à l’entrée en deuxième année de médecine après que leurs notes aient été drastiquement réduites par un système d’harmonisation. Ce système, qui prend en compte le classement de l’étudiant dans sa filière plutôt que ses résultats bruts, a entraîné des baisses de moyennes pouvant atteindre jusqu’à six points.

Cette harmonisation a pour objectif de garantir l’équité entre les différentes licences, en tenant compte du rang de chaque étudiant dans sa promotion plutôt que de sa moyenne absolue. Cependant, cette méthode a eu des conséquences désastreuses pour les étudiants en Ifsi, dont les résultats ont été significativement rabaissés.

On ne prend pas les meilleurs au concours.

L’avocat des étudiants, Maître Marc Bellanger, a exprimé sa frustration face à ce système lors de l’audience devant le tribunal administratif. Selon lui, le processus d’admission actuel ne sélectionne pas les meilleurs candidats au concours, mais plutôt les meilleurs de chaque LAS (Licence Accès Santé), une des deux voies d’accès aux études de médecine instaurée par la réforme de 2019.

Le LAS permet aux étudiants de suivre une licence classique avec une majeure dans un domaine comme le droit, la géographie ou le sport, tout en ayant une mineure en santé. Cette réforme visait à diversifier les profils des étudiants en médecine, mais elle semble avoir eu des effets négatifs sur certains candidats, notamment ceux issus de la licence Ifsi.

La situation des étudiants en Ifsi est particulièrement préoccupante. Malgré des moyennes élevées, leur classement au sein de leur filière a réduit à néant leurs chances d’intégrer la deuxième année de médecine. Un exemple frappant est celui de Yoni Schemba, un des étudiants requérants, qui avait une moyenne de 16,23 au premier semestre. Après harmonisation, sa moyenne a été abaissée à 12, le privant ainsi de toute chance de succès au concours.

Cette situation est d’autant plus injuste que la licence Ifsi est considérée comme l’une des formations les plus proches des études de médecine. Les étudiants de cette filière sont obligés de suivre de nombreuses heures de stage en milieu médical, ce qui leur laisse moins de temps pour réviser leurs cours théoriques. Cette double exigence, à la fois théorique et pratique, rend leur situation encore plus délicate.

Parmi les 70 étudiants en Ifsi ayant tenté le concours, seulement huit ont réussi à accéder à la deuxième année de médecine, et huit autres ont obtenu la possibilité de passer les oraux. D’après les observations de certains étudiants après l’audience, s’ils avaient choisi des licences moins proches du domaine médical, leur position dans le classement aurait probablement été plus favorable.

Le recours devant le tribunal administratif vise à remettre en question la légitimité de ce système d’harmonisation, qui semble pénaliser des étudiants pourtant bien préparés et motivés. La décision du tribunal, attendue le 28 août, sera cruciale pour ces étudiants qui espèrent voir leur situation réévaluée de manière plus juste.

Cette affaire soulève des questions sur la pertinence de la réforme de 2019 et sur la manière dont elle est mise en œuvre. Si l’objectif de diversifier les profils des étudiants en médecine est louable, il semble que les mécanismes d’harmonisation mis en place pour atteindre cet objectif puissent avoir des effets pervers, notamment en défavorisant les candidats issus de filières comme l’Ifsi.