Pour la rentrée 2024, une nouvelle mesure va bouleverser le quotidien de près de 50 000 élèves dans 199 collèges français. L’école sans téléphone portable devient une réalité pour ces établissements, dans le cadre d’une expérimentation visant à interdire totalement l’accès aux smartphones durant la journée scolaire. Cette initiative, lancée par la ministre démissionnaire de l’Éducation, Nicole Belloubet, pourrait être étendue à l’ensemble des collèges dès janvier 2025.
Un dispositif qui va au-delà des interdictions actuelles
Depuis 2018, la loi interdit aux élèves d’utiliser leur téléphone portable au sein des établissements scolaires, sauf exception prévue dans le règlement intérieur. Cependant, cette interdiction est souvent contournée, notamment en dehors des salles de classe. Pour pallier ce problème, le gouvernement souhaite aller plus loin en interdisant non seulement l’usage, mais aussi la possession du téléphone dans l’enceinte des collèges. Dès septembre 2024, les élèves participant à cette expérimentation devront déposer leur téléphone portable dans des casiers sécurisés dès leur arrivée à l’école.
L’objectif de cette mesure est clair : réduire la dépendance aux écrans et favoriser une meilleure concentration des élèves. Selon les autorités, le téléphone portable, bien que pratique, représente une distraction majeure pour les jeunes, affectant non seulement leur capacité d’apprentissage, mais aussi leur bien-être social et psychologique.
Les enjeux de la “pause numérique”
La “pause numérique”, comme l’a nommée Nicole Belloubet, s’inscrit dans une démarche plus large visant à protéger les jeunes de l’exposition excessive aux écrans. Les experts ont souligné les dangers associés à l’usage intensif des smartphones, notamment en ce qui concerne le développement cognitif et social des adolescents. Le rapport remis au président Emmanuel Macron en avril 2024 a mis en lumière des problématiques comme le cyber-harcèlement, l’isolement social, et les troubles de l’attention.
L’expérimentation dans les collèges pourrait ainsi poser les bases d’un nouveau cadre réglementaire pour l’utilisation des téléphones portables en milieu scolaire. Si elle est concluante, cette initiative pourrait être élargie à l’ensemble des établissements scolaires, du primaire au lycée, dès 2025.
Pour que cette expérimentation soit un succès, plusieurs défis doivent être relevés. Le premier est celui de la logistique : installer des casiers sécurisés dans les collèges, une mesure nécessaire mais coûteuse, qui nécessitera l’implication des collectivités territoriales. De plus, les chefs d’établissements devront mettre en place des procédures strictes pour s’assurer que les élèves respectent la nouvelle règle.
Un autre défi réside dans l’acceptation de la mesure par les élèves et leurs parents. Beaucoup de jeunes sont très attachés à leur smartphone, un outil devenu central dans leur vie quotidienne, et certains parents peuvent également s’inquiéter de ne pas pouvoir joindre leur enfant en cas d’urgence. Pour répondre à ces préoccupations, des solutions alternatives, comme des téléphones d’urgence accessibles dans les établissements, devront être envisagées.
Vers un changement culturel
Cette expérimentation pourrait marquer un tournant dans l’approche éducative française. En bannissant les téléphones portables des collèges, les autorités espèrent non seulement améliorer les performances académiques des élèves, mais aussi encourager des interactions sociales plus authentiques entre eux. Le retour à une communication sans intermédiaire digital pourrait renforcer les liens sociaux et réduire les comportements antisociaux liés à l’isolement numérique.
L’expérimentation de la “pause numérique” arrive à un moment où la société prend de plus en plus conscience des effets néfastes des écrans sur les jeunes. Les constructeurs de smartphones eux-mêmes commencent à proposer des outils de contrôle parental, tels que la fonctionnalité “School Time” de Google, qui limite l’accès aux applications pendant les heures de cours.
Cette initiative du gouvernement suscite de grandes attentes, tant parmi les parents que les enseignants. Elle est perçue comme une réponse nécessaire à la surexposition des jeunes aux écrans, un problème qui a pris de l’ampleur ces dernières années avec la montée en puissance des réseaux sociaux et des jeux en ligne.