Caution et quotas pour étudiants étrangers

La récente réforme de l’immigration étudiante en France, incluant l’introduction d’une caution pour les étudiants étrangers, a suscité un débat intense parmi les universités, les grandes écoles, et les syndicats étudiants. Alors que le gouvernement vise à encadrer plus strictement l’immigration étudiante, de nombreux acteurs du secteur éducatif craignent que ces mesures ne compromettent l’attractivité internationale de la France en tant que destination d’études supérieures.
caution quotas etudiants etrangers

Le contexte de la réforme

La mesure phare de cette réforme est l’introduction d’une « caution retour », exigée des étudiants étrangers non ressortissants de l’Union européenne souhaitant étudier en France. Cette caution, qui doit être versée avant l’obtention d’un titre de séjour étudiant, a pour but d’assurer que les étudiants disposent des moyens de retourner dans leur pays à la fin de leurs études. Ce dispositif s’accompagne également de la majoration des frais de scolarité pour les étudiants internationaux, qui, bien qu’existants sous forme d’arrêté depuis 2019, est désormais ancré dans la législation.

Selon les promoteurs de la réforme, cette caution est censée dissuader les étudiants peu sérieux et garantir que seuls ceux ayant un véritable projet académique viennent étudier en France. Cependant, ce principe soulève des inquiétudes majeures parmi les responsables universitaires et les syndicats étudiants.

Les réactions du secteur éducatif

Les présidents d’université et les responsables de grandes écoles ont exprimé leur opposition, qualifiant la mesure de discriminatoire. France Universités, qui représente les dirigeants d’établissements d’enseignement supérieur, a critiqué cette réforme pour son caractère « fermé » et potentiellement dissuasif pour les talents internationaux. La crainte est que la France envoie un message de fermeture, ce qui pourrait réduire l’afflux d’étudiants internationaux qui sont essentiels pour la diversité et l’innovation académique.

Alexis Michel, président de la commission Europe et international de la Conférence des directeurs d’écoles d’ingénieurs (Cdefi), a souligné que les écoles d’ingénieurs dépendent largement des étudiants étrangers pour combler le déficit d’ingénieurs en France. Il a affirmé que l’idée d’étudiants étrangers trompant les établissements sur la sincérité de leur projet académique était un « fantasme total » et que la réindustrialisation du pays nécessite ces talents venus d’ailleurs.

Que se passe t-il à l’étranger ?

Certains défenseurs de la réforme ont comparé ce dispositif à celui en vigueur en Allemagne, où les étudiants étrangers doivent bloquer une somme importante sur un compte pour obtenir leur visa. Cependant, la comparaison est jugée inappropriée par certains experts, car le système allemand permet un accès mensuel à ces fonds pour couvrir les frais de subsistance, ce qui n’est pas le cas en France.

Le député Modem et d’autres critiques de la réforme soulignent que cette mesure est en contradiction avec la politique publique de la France visant à augmenter le nombre d’étudiants étrangers de 350 000 à 500 000 d’ici 2027. Selon eux, imposer une caution pourrait non seulement entraver cet objectif, mais aussi diminuer la compétitivité de la France face à d’autres nations qui investissent dans l’attraction des étudiants internationaux.

L’enjeu de cette réforme dépasse la simple question de l’immigration étudiante. Il touche à l’attractivité de la France en tant que centre éducatif mondial et à sa capacité à attirer les meilleurs talents dans un contexte de concurrence internationale accrue. Les étudiants étrangers représentent un « soft power » important, contribuant non seulement à la diversité académique, mais aussi à l’économie nationale. Une étude récente a montré que les étudiants étrangers rapportent 1,35 milliard d’euros par an à l’économie française.

L’opposition unanime de l’enseignement supérieur français et les critiques internes au gouvernement, y compris de la part du président Emmanuel Macron, suggèrent que cette mesure pourrait encore évoluer. Le Président a d’ailleurs exprimé ses réserves quant à la pertinence de la caution, la qualifiant de « mauvaise idée » et soulignant l’importance de maintenir l’ouverture de la France aux étudiants du monde entier.

Actualités

A la recherche d'un établissement ?

Laissez-vous séduire par notre sélection des meilleures écoles près de chez vous !

Les formations à la une

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar