Lundi 2 septembre 2024, c’est la rentrée pour près de 12 millions d’élèves, face à la pénurie d’enseignants dans plusieurs régions de France, les académies doivent faire preuve de flexibilité pour assurer la présence d’un professeur dans chaque classe à la rentrée. Le recours aux enseignants contractuels devient de plus en plus fréquent pour combler les postes vacants, notamment dans les académies les plus touchées par le manque de personnel.
Les enseignants contractuels, qui représentent environ 2 % des effectifs dans le primaire et jusqu’à 10 % dans les collèges et lycées, jouent désormais un rôle crucial dans le système éducatif. Ces enseignants, souvent en reconversion professionnelle, apportent une diversité de parcours et d’expériences, mais leur formation rapide soulève des questions sur la qualité de l’enseignement.
Dans des académies comme celle de Créteil, où la pénurie est particulièrement marquée, 1 200 enseignants contractuels ont été recrutés dès le mois de juin. Ces nouveaux enseignants ont suivi une formation intensive de six semaines pour se préparer à leur nouvelle mission. Selon Julie Benetti, rectrice de l’académie de Créteil, cette formation est essentielle pour garantir que ces enseignants soient à la hauteur des attentes :
Nous nous assurons de la qualité du recrutement, nous le devons à nos élèves et à leur famille.
L’académie de Poitiers est également confrontée à cette situation, avec 648 contractuels recrutés pour la rentrée, dont certains n’ont encore jamais enseigné. Ces enseignants suivent une formation express, souvent critiquée pour sa brièveté. Muriel Coret, du syndicat SNESUP-FSU, souligne que :
5 jours, c’est de toute évidence pas suffisant pour un enseignant qui va avoir une classe en responsabilité.
Cette formation de dernière minute, bien que nécessaire, laisse de nombreux nouveaux enseignants dans l’incertitude quant à leur capacité à gérer une classe dès la rentrée.
Les motivations des contractuels sont variées. Sofiane Zeghlache, ancien informaticien devenu professeur de mathématiques, voit dans ce métier une manière de contribuer activement à la société. Il décrit l’enseignement comme :
Une façon d’être très utile très directement. On est au contact des jeunes générations futures.
Ce témoignage montre que, malgré les défis, ces enseignants voient leur rôle comme une opportunité de faire une différence.
Malgré les critiques, les académies tentent de mettre en place des systèmes de soutien pour ces nouveaux enseignants. Par exemple, à Poitiers, les contractuels bénéficient d’un accompagnement par des tuteurs expérimentés, une démarche qui vise à compenser la brièveté de leur formation initiale. Bénédicte Robert, rectrice de l’académie, explique :
5 jours, c’est déjà bien : ils évoquent des questions transversales comme la laïcité, la gestion de classe, des formations disciplinaires.
Cependant, le recours accru aux contractuels reflète un problème plus profond dans le système éducatif français. Les concours de recrutement des enseignants peinent à attirer des candidats, en grande partie en raison des conditions de travail difficiles et des perspectives de carrière incertaines. Ce phénomène entraîne une dépendance croissante aux enseignants contractuels, qui, bien que motivés, ne peuvent toujours compenser l’expérience et la formation des enseignants titulaires.
À long terme, il est essentiel que des solutions durables soient envisagées pour répondre à la crise de recrutement dans l’éducation nationale. Une meilleure valorisation du métier d’enseignant, des conditions de travail améliorées et des perspectives de carrière plus attractives pourraient permettre d’inverser cette tendance et d’assurer une éducation de qualité à tous les élèves. En attendant, les académies continuent de s’appuyer sur les contractuels pour garantir la présence d’un enseignant dans chaque classe, malgré les défis que cela implique.