Pourquoi ce désengagement massif ?
Le mouvement #HelloQuitteX trouve son origine dans un contexte de montée des inquiétudes face à la prolifération des contenus haineux, à la désinformation et à une modération jugée insuffisante. Selon les acteurs du mouvement, la plateforme serait devenue une « machine à manipulation de l’opinion », un outil incompatible avec les valeurs académiques et démocratiques.
Ce phénomène coïncide avec la réélection de Donald Trump et le rôle supposé d’Elon Musk dans la diffusion de discours polarisants. Un collectif de chercheurs, soutenu par des institutions, a mis en place une application innovante, «HelloQuitteX», pour accompagner ce mouvement de départ.
Les établissements en tête du mouvement
De nombreuses universités et grandes écoles ont pris la décision de quitter X. Parmi les motivations invoquées figurent la baisse de la modération, l’augmentation des contenus problématiques et la diminution de la visibilité des publications scientifiques.
- Université Paris-Saclay et Polytechnique : ces institutions emblématiques ont estimé que les conditions d’une information fiable et éthique n’étaient plus garanties.
- Université de Caen Normandie : fidèle à ses valeurs humanistes, elle a choisi de suspendre son activité sur la plateforme.
- Sorbonne Université et l’École du Louvre : elles dénoncent une évolution contraire à leurs principes de rigueur scientifique.
Les départs ne se limitent pas aux institutions : de nombreux syndicats étudiants, tels que la FAGE, ont également cessé d’utiliser X. Dans une déclaration, le syndicat a affirmé :
Pour la démocratie, pour la liberté, ceci sera notre dernière publication sur X.
Les acteurs de l’enseignement supérieur invitent désormais leurs abonnés à les suivre sur des alternatives jugées plus respectueuses des valeurs éthiques, comme Mastodon, Threads (du groupe Meta) ou encore Bluesky.
helloQuitteX : une aide au départ collectif
Pour faciliter le passage à d’autres réseaux sociaux, des chercheurs du CNRS ont développé une application baptisée HelloQuitteX. Inspirée d’un jeu de mots sur Hello Kitty, cette initiative vise à aider les utilisateurs à migrer leur audience et leurs archives personnelles vers des plateformes plus sécurisées.
Comment fonctionne l’application ?
- Transfert des données : l’utilisateur télécharge ses archives X via HelloQuitteX, qui les transfère vers une nouvelle plateforme.
- Protection des données : le CNRS s’engage à supprimer ces informations après le transfert, garantissant ainsi une confidentialité totale.
Selon les créateurs, cette solution a déjà séduit plus de 5 000 utilisateurs en une semaine.
Liberté d’expression ou laisser-faire ?
Depuis son rachat, Elon Musk a défendu une liberté d’expression radicale, justifiant un assouplissement des règles de modération. Cette vision a cependant suscité des critiques, notamment sur l’augmentation des contenus toxiques et extrémistes.
Certains experts, comme David Chavalarias du CNRS, estiment que X est devenu « un danger pour la démocratie et les individus ». Les algorithmes, selon lui, favorisent les contenus polarisants, ce qui rend le réseau incompatible avec un débat public sain. Cette tendance pourrait également affecter d’autres plateformes, comme Facebook, si des mesures similaires y sont adoptées.
Les départs massifs observés sur X marquent un tournant dans l’histoire des réseaux sociaux. Les utilisateurs, institutions et associations expriment un ras-le-bol face à des pratiques jugées contraires aux principes d’éthique et de respect de la liberté d’expression. Tandis que certains adoptent de nouvelles plateformes, d’autres appellent à une régulation accrue pour éviter de nouveaux débordements.
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