Études

La réforme de la formation des enseignants reportée

La réforme de la formation des enseignants, tant attendue et controversée, ne sera pas mise en œuvre à la rentrée prochaine. Nicole Belloubet, ministre de l’Éducation nationale, a exprimé sa déception sur RMC, expliquant que la dissolution du gouvernement et les affaires courantes ont empêché la publication du décret nécessaire à sa mise en œuvre. Cette situation reflète les difficultés politiques et institutionnelles actuelles qui ont freiné plusieurs initiatives gouvernementales récentes.

Une réforme ambitieuse et contestée

Le projet de réforme visait à repositionner le recrutement des enseignants et les concours au niveau de la licence (bac +3), suivi de deux années rémunérées pour obtenir le master. Bien que validée par le Conseil d’État le 9 juillet dernier, la réforme a rencontré une forte opposition de la part de plusieurs syndicats d’enseignants et de factions politiques de gauche. Ce report rappelle également la mise en pause de la refonte des règles d’indemnisation du chômage, une autre initiative gouvernementale controversée.

Cette réforme devait répondre à la crise d’attractivité du métier d’enseignant, exacerbée par le manque de professeurs, avec 3 200 postes non pourvus aux concours cette année. Emmanuel Macron avait initialement annoncé cette réforme lors d’un déplacement à Orange en septembre dernier, exprimant son désir de “réinventer [les] bonnes vieilles écoles normales”. En avril, le président avait présenté les détails de cette réforme depuis une école parisienne, soulignant l’importance de reconnaître et de rémunérer dès la première année de master ceux qui choisissent de s’engager dans l’enseignement.

La réforme proposait que les étudiants bénéficient d’un statut d’élèves fonctionnaires en master 1, avec une rémunération de 1 400 euros nets par mois, et deviennent fonctionnaires stagiaires en master 2, percevant alors 1 800 euros nets. Ces mesures visaient à rendre le parcours d’enseignant plus attractif et à mieux préparer les futurs professeurs à leurs responsabilités éducatives.

Malgré les intentions du gouvernement et les ajustements apportés, tels que l’augmentation de la rémunération des étudiants en première année de master de 900 à 1 400 euros nets, la mise en œuvre de cette réforme a été retardée. Les changements fréquents de ministres à la tête de l’Éducation nationale et les retards cumulés ont également contribué à l’impossibilité de respecter le calendrier prévu.

La suspension de cette réforme est perçue comme un recul par certains et une victoire par d’autres. Les syndicats d’enseignants qui s’opposaient à la réforme saluent cette décision, tandis que ceux qui voyaient en elle une solution aux problèmes actuels de l’éducation regrettent ce retard.

Le ministère de l’Éducation nationale espère que le prochain gouvernement reprendra cette réforme. Toutefois, son adoption dépendra largement de l’orientation politique du futur exécutif. Le projet, initialement conçu pour résoudre les problèmes de pénurie et améliorer l’attractivité du métier d’enseignant, reste en suspens pour le moment.

L’importance de la formation des enseignants

Nicole Belloubet a réitéré l’importance de la formation des enseignants, la qualifiant d’« enjeu crucial » pour l’éducation en France. La réforme visait non seulement à rehausser le statut et les conditions des futurs enseignants mais aussi à renforcer la qualité de l’éducation à travers une formation plus structurée et rémunérée.

Cette réforme, bien qu’en suspens, met en lumière les défis persistants du système éducatif français. La formation des enseignants reste un enjeu majeur pour garantir la qualité de l’enseignement et attirer des candidats compétents et motivés. Selon le ministère de l’Éducation nationale, le nombre de candidats inscrits aux concours externes de recrutement des enseignants a diminué de 16 % entre 2017 et 2021. Cette baisse s’explique en partie par les conditions de travail perçues comme difficiles et les salaires jugés peu attractifs par rapport à d’autres carrières accessibles avec un niveau de qualification similaire.

La création des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) sous le précédent quinquennat de Macron visait déjà à renforcer la formation professionnelle des enseignants. Ces instituts ont remplacé les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) en 2019, marquant une première étape vers la modernisation du parcours de formation des enseignants.

Le débat autour de cette réforme illustre les défis complexes auxquels est confronté le système éducatif français. La nécessité de modernisation et d’amélioration doit constamment être équilibrée avec les réalités politiques et les diverses opinions des parties prenantes. Le prochain gouvernement devra naviguer ces eaux troubles pour proposer une solution qui réponde aux besoins actuels tout en étant politiquement viable.