Des offres en alternance, même après un master
« Je m’attendais à voir des offres de CDI juniors, ou des CDD tremplins. Mais 80 % des annonces que je vois sont pour de l’alternance, même avec un niveau bac+5″, souffle Marie.
Une situation qui l’épuise psychologiquement :
J’ai fait une alternance pendant mon master. J’ai de l’expérience. Mais les entreprises préfèrent encore prendre un alternant pour payer moins.
Les entreprises semblent de plus en plus intégrer l’alternance dans leur stratégie de recrutement. Ce dispositif leur permet de former des profils opérationnels à moindre coût. Résultat : les postes juniors classiques se raréfient, ou disparaissent carrément dans certaines structures.
Une pression sur les jeunes diplômés
Marie n’est pas la seule à ressentir cette pression. D’autres anciens étudiants de son école lui confient vivre la même chose.
L’alternance a toujours été un bon levier pour entrer dans une entreprise. Mais aujourd’hui, on a l’impression que c’est devenu le seul moyen d’avoir un premier job.
Le problème ? Pour ceux qui ont déjà utilisé leurs droits à l’apprentissage, il n’est parfois plus possible de signer un nouveau contrat d’alternance.
C’est comme si on était coincés entre deux statuts : trop qualifiés pour être alternants, pas assez pour être embauchés.
Une tendance alimentée par les incertitudes économiques
Dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et une conjoncture économique instable, les recruteurs hésitent à créer de nouveaux postes.
« Les offres sont là, mais elles sont calibrées pour des profils en alternance, avec des missions qui ressemblent exactement à celles d’un CDI classique », observe Marie.
Des données récentes confirment ce sentiment : les embauches de jeunes cadres ont baissé depuis 2024, et les perspectives pour 2025 restent prudentes. Dans certains secteurs, les alternants ont même remplacé les anciens stagiaires, créant un effet d’éviction pour les diplômés fraîchement arrivés sur le marché du travail.
Des écoles conscientes mais pas toujours armées
Dans les écoles de commerce, on observe cette mutation avec attention. Si l’insertion reste correcte dans les chiffres, les retours de terrain montrent une difficulté à signer un contrat durable.
« On finit parfois par accepter un poste en freelance, un CDD mal payé ou un job qui n’a rien à voir avec notre formation », confie Marie.
Comment rebondir quand les postes juniors disparaissent ?
Face à cette réalité, certains diplômés optent pour un retour en formation, d’autres partent à l’étranger. Marie, elle, a décidé de miser sur son réseau :
J’ai contacté des anciens de mon école. Une m’a conseillé de candidater dans une start-up qui recrutait sans passer par les canaux classiques. J’ai été prise pour un contrat de six mois.
Elle reste lucide :
Ce n’est pas le poste rêvé, mais au moins j’accumule de l’expérience. Aujourd’hui, c’est ce qui compte. Montrer qu’on est capables de s’adapter.
Alternance : un tremplin qui ne doit pas devenir un plafond
L’alternance reste un outil précieux. Mais quand elle devient un substitut permanent aux embauches juniors, elle fragilise les parcours. Pour beaucoup, il devient urgent de revaloriser les premiers postes en entreprise et d’offrir de vraies perspectives d’évolution aux jeunes diplômés.
Le témoignage de Marie rappelle une chose simple : investir dans les jeunes, c’est investir dans l’avenir. Et cela ne peut pas se faire uniquement à travers des contrats temporaires ou à bas coût.