Le coût de la rentrée universitaire pour 2024 a été estimé à 3 157 euros par la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE), qui a publié son baromètre annuel. Ce chiffre marque une hausse par rapport à l’année précédente, plaçant de nombreux étudiants dans une situation financière précaire. Ce coût élevé reflète des dépenses multiples, allant du logement aux frais d’inscription, en passant par l’achat de matériel pédagogique spécifique. Ces chiffres illustrent la difficulté croissante pour les étudiants d’accéder à un enseignement supérieur de qualité sans subir une forte pression économique.
Le logement : principal poste de dépense
Le loyer reste la charge la plus importante pour les étudiants, représentant près de 50 % du budget. En moyenne, un étudiant en région débourse environ 520 euros par mois pour se loger, alors qu’en Île-de-France, cette somme monte à 688 euros. Le logement étudiant est donc un facteur clé des inégalités entre territoires, et la FAGE souligne que ces coûts exacerbent la précarité des jeunes, particulièrement dans les grandes villes où la demande dépasse largement l’offre de logements abordables.
Pour certains étudiants, notamment ceux venant des territoires d’outre-mer, la situation est encore plus critique. Le coût de la rentrée pour un étudiant ultramarin est estimé à 4 394,75 euros, un montant bien supérieur à la moyenne nationale, en raison des coûts de transport et de la difficulté à trouver un logement à proximité des campus.
Des frais d’inscription en hausse
Les frais d’inscription à l’université ont également augmenté cette année après plusieurs années de gel. Pour 2024, ces frais s’élèvent à 175 euros en licence et 250 euros en master. À ces montants, il faut ajouter la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC), qui coûte 103 euros. Si ces frais peuvent sembler relativement modérés, ils s’ajoutent à une multitude d’autres dépenses qui, mises bout à bout, alourdissent considérablement le budget global de la rentrée.
Certaines formations, en particulier celles du domaine de la santé, voient leurs frais de scolarité exploser dès la deuxième année. Les étudiants en massokinésithérapie, par exemple, doivent s’acquitter de frais pouvant atteindre 3 717 euros pour une inscription en IFMK (institut de formation en masso-kinésithérapie). Cette situation met en lumière l’ampleur des disparités entre filières et la difficulté pour certains étudiants d’accéder à des formations spécialisées sans s’endetter.
Matériel pédagogique : un poste de dépense en forte hausse
Les matériels pédagogiques représentent un autre poste de dépense important. Pour l’année 2024, le coût moyen de ces équipements a été estimé à 217,45 euros, en hausse par rapport à 2023. Les étudiants doivent acheter des fournitures diverses, des manuels, ainsi que des équipements spécifiques à leur filière. Par exemple, dans certaines filières comme la médecine, les étudiants doivent investir dans du matériel indispensable pour leurs stages et travaux pratiques, tels que des tenues, des livres spécialisés, ou encore des instruments médicaux. Le montant moyen de ces frais est estimé à 176,46 euros, avec une augmentation notable de près de 17 % cette année.
Pour certaines filières, comme les études dentaires, le coût du matériel pédagogique peut même atteindre plus de 1 400 euros sur l’ensemble du cursus. Ce sont des dépenses incontournables qui s’ajoutent aux frais d’inscription, alourdissant encore davantage la charge financière pesant sur les étudiants.
Des inégalités territoriales marquées
Le baromètre de la FAGE met également en lumière de fortes disparités entre les différents territoires. Le coût de la vie étudiante varie considérablement en fonction de la localisation, avec des écarts significatifs entre les régions et les grandes villes, où le logement et la vie courante sont plus onéreux. Les étudiants ultramarins, qui doivent souvent quitter leur île pour poursuivre leurs études en métropole, subissent des coûts bien plus élevés que leurs camarades en métropole, ce qui rend leur situation particulièrement difficile.
Ces inégalités géographiques s’accompagnent de différences dans la qualité de l’accès aux aides sociales, comme l’APL (Aide personnalisée au logement), qui n’est pas toujours suffisante pour couvrir les besoins réels des étudiants, notamment dans les zones où les loyers sont particulièrement élevés.
Des repas souvent sautés : la précarité alimentaire
La FAGE tire également la sonnette d’alarme sur la précarité alimentaire qui touche de nombreux étudiants. Selon son baromètre, près de 20 % des étudiants déclarent ne pas manger à leur faim, et beaucoup sautent plusieurs repas par semaine pour des raisons financières. La baisse des coûts de l’alimentation reste marginale et n’a pas permis d’améliorer la situation de manière significative. La restauration universitaire proposée par le Crous, bien qu’accessible à prix réduit, ne couvre pas toujours l’ensemble des besoins des étudiants, et les files d’attente dans les épiceries solidaires témoignent de l’ampleur de cette précarité.
Les revendications des associations étudiantes
Face à cette situation préoccupante, la FAGE et d’autres syndicats étudiants réclament des mesures concrètes pour alléger la pression financière sur les étudiants. Parmi les revendications, on retrouve :
- L’ouverture des repas Crous à 1 euro pour tous les étudiants, sans condition de bourse.
- Une revalorisation du montant des APL, afin de couvrir plus efficacement les frais de logement, particulièrement dans les zones à loyer élevé.
- Le gel des frais d’inscription à l’université pour éviter toute nouvelle augmentation.
Les associations étudiantes rappellent que la précarité financière ne touche pas seulement la dimension matérielle de la vie étudiante, mais a aussi des conséquences directes sur la santé mentale et le bien-être des étudiants. L’insécurité financière engendre souvent un stress important, qui peut affecter la réussite académique et l’intégration sociale des jeunes.
Avec un coût de rentrée qui atteint 3 157 euros, les étudiants font face à des difficultés financières croissantes. Le logement, les frais d’inscription et le matériel pédagogique constituent les principales dépenses, mais ce sont les disparités entre régions, filières, et situations familiales qui creusent encore plus l’écart entre les étudiants. Face à cette situation alarmante, les appels à des réformes pour une meilleure prise en charge des besoins des étudiants se multiplient.