Du placement de produit aux portes ouvertes
Ce qui fonctionnait pour les marques de vêtements, de cosmétiques ou de food s’exporte désormais dans le monde de l’éducation. Le créateur Pape San, diplômé de l’ECE, a ainsi été invité par son ancienne école pour participer à une journée portes ouvertes. Une collaboration assumée, avec présence sur place, live Twitch et contenus pour sa communauté. Un retour sur les bancs qui n’est pas passé inaperçu.
En 2022, Léna Situations a animé une masterclass à l’ISCPA. Deux ans plus tard, elle intervenait à l’IFA Paris pour parler de réseaux sociaux et d’entrepreneuriat. Même chose pour Inoxtag, qui a participé à une journée d’intégration à Rennes Business School. Et Jeremstar, influenceur médiatique controversé, a lui carrément intégré l’équipe pédagogique de l’INSEEC pour y enseigner le marketing digital.
Quand les écoles cherchent à buzzer
Certains établissements assument vouloir capter l’attention et déclencher des réactions sur les réseaux. La Noschool, à Bordeaux, a marqué les esprits en invitant Jeremstar et Afida Turner pour une rentrée pas comme les autres. Résultat : +600 % de vues sur les réseaux sociaux et un bond des inscriptions. Leur stratégie ? Miser sur des personnalités clivantes, qui attirent l’attention, même si cela divise.
Les influenceurs ne se contentent pas de venir parler une heure dans une salle. Ils publient des stories, réalisent des vidéos, interagissent avec leurs abonnés. Cela donne une visibilité immédiate à l’école, avec des contenus authentiques qui parlent aux jeunes. Quand Jeremstar a annoncé son poste de prof à l’INSEEC sur Instagram, la vidéo a frôlé le million de vues.
Une démarche assumée mais encadrée
À la Noschool comme à l’INSEEC, on assume pleinement la présence de ces personnalités. Le coût ? Environ 5 000 euros pour une intervention, bien en dessous de ce qu’ils pourraient toucher ailleurs. Mais ce n’est pas qu’une question de buzz. Ces écoles défendent un intérêt pédagogique à faire intervenir des pros du terrain, notamment sur les nouveaux métiers liés au digital.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces interventions sont très bien accueillies. À l’INSEEC, les étudiants ont attribué à Jeremstar une note de 5/5 en satisfaction, saluant son franc-parler et la richesse de son expérience. Pour la direction, l’objectif est aussi de casser les idées reçues sur le métier d’influenceur, souvent perçu à tort comme facile ou sans effort.
Vers un nouveau modèle de communication éducative
À l’heure où les jeunes passent des heures sur TikTok ou Instagram, les écoles doivent se réinventer pour exister dans leur univers. Inviter des créateurs de contenu est un moyen efficace de gagner en visibilité et en crédibilité. Certaines écoles préfèrent miser sur des profils moins clivants. L’ISC, par exemple, a fait intervenir Seb la Frite ou Maskey pour parler musique et création sans chercher le buzz à tout prix.
Le recours à l’influence dans l’éducation ne se limite plus aux coups de com’. Il devient une stratégie marketing assumée, pensée sur le long terme. Des agences spécialisées comme Reech estiment qu’il existe 150 000 créateurs de contenu en France, et que le marché mondial de l’influence devrait peser plus de 38 milliards d’euros d’ici 2030.
Dans un secteur très concurrentiel, où chaque inscription compte, les écoles doivent capter l’attention là où elle se trouve : sur les écrans. Et quoi de mieux qu’un visage connu pour créer un lien direct avec la cible ? Les influenceurs deviennent alors de véritables ambassadeurs générationnels, capables de donner envie de s’inscrire à une école comme on suit un nouveau compte Insta.
