De la finance à la gouvernance économique
Carney s’est fait connaître en tant que gouverneur de la Banque du Canada de 2008 à 2013, période durant laquelle il a su piloter l’économie du pays à travers la crise financière mondiale. Son approche proactive et sa capacité à stabiliser les marchés ont été largement saluées.
En 2013, il devient le premier étranger à diriger la Banque d’Angleterre, un poste qu’il occupera jusqu’en 2020. Il a notamment joué un rôle clé dans la gestion des conséquences du Brexit sur les marchés financiers britanniques, tout en mettant en avant la nécessité de régulations plus strictes pour éviter une nouvelle crise économique mondiale.
Après son passage dans les banques centrales, Carney s’est engagé dans la finance verte. Il a été envoyé spécial des Nations unies pour le financement de l’action climatique et a contribué à la création de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), un projet visant à mobiliser les institutions financières en faveur de la transition écologique.
Son entrée en politique
Carney a longtemps été pressenti pour jouer un rôle dans la politique canadienne. Son expertise économique et sa stature internationale ont fait de lui un candidat de choix pour diriger le Parti libéral du Canada. En mars 2025, il est élu chef du parti avec 85,9 % des votes, succédant ainsi à Justin Trudeau.
Bien que novice en politique, il se positionne comme un centriste pragmatique, mettant en avant son expérience économique pour répondre aux défis du pays, notamment la crise du logement, l’inflation et les tensions commerciales avec les États-Unis.
Une confrontation annoncée avec Donald Trump
L’un des enjeux majeurs de son mandat est la gestion des relations avec les États-Unis, alors dirigés par Donald Trump. Ce dernier a imposé des droits de douane sur les produits canadiens et suggéré que le Canada pourrait devenir le 51ᵉ État américain. Carney a immédiatement affiché une posture ferme, déclarant que la souveraineté canadienne n’était « pas négociable ».
Dans ses prises de parole, il a comparé cette rivalité à celle qui existe dans le hockey, affirmant que « dans le commerce comme au hockey, le Canada gagnera ». Son discours offensif a trouvé un écho favorable auprès des Canadiens inquiets des tensions croissantes entre les deux pays.
Si Carney est reconnu pour son expertise technique et son sérieux, certains observateurs lui reprochent un manque de charisme et une communication rigide. Sa maîtrise imparfaite du français, dans un pays officiellement bilingue, a aussi suscité des critiques, notamment au Québec. Lors d’un débat, il a notamment commis une erreur de langage qui a été largement relayée.
Avec des élections législatives prévues d’ici octobre 2025, Carney doit encore convaincre qu’il est capable de rassembler et de mener une campagne efficace face aux conservateurs menés par Pierre Poilievre. Ce dernier le décrit comme un technocrate déconnecté des réalités des Canadiens ordinaires.
Son expérience en gestion de crises et son positionnement économique peuvent être des atouts, mais il devra rapidement s’affirmer sur le plan politique pour espérer maintenir sa position au sommet du gouvernement canadien.
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