Un pape venu de Chicago
Dès sa jeunesse, il rejoint l’ordre de Saint-Augustin et entame une formation dense : mathématiques à l’Université Villanova, théologie à Chicago, puis doctorat en droit canonique à Rome. Ce parcours, à la fois intellectuel et spirituel, l’oriente très vite vers une mission à l’étranger.
Ordonné prêtre en 1982, Prevost est envoyé en Amérique latine, dans la prélature de Chulucanas, au nord du Pérou. Il n’a que 29 ans lorsqu’il débarque dans ce pays en pleine ébullition sociale et politique. Là-bas, il se forme à la réalité du terrain.
Il passe près de vingt ans au Pérou, où il dirige notamment le séminaire de Trujillo et devient évêque de Chiclayo en 2015. Une expérience fondatrice, qui lui donne le profil d’un homme de terrain.
Une ascension discrète mais stratégique au Vatican
En 2023, le pape François, dont il est proche, l’appelle à Rome et lui confie un poste clé : préfet du Dicastère pour les évêques. Cette mission, essentielle dans la gouvernance de l’Église, consiste à superviser les nominations épiscopales dans le monde entier.
La même année, il est nommé cardinal. Sans être une star médiatique, Prevost inspire la confiance des deux camps : les réformateurs comme les plus conservateurs.
Le conclave de mai 2025 ne traîne pas : en quatre scrutins, la majorité des 133 cardinaux électeurs se met d’accord sur son nom. Il se présente au balcon de la basilique Saint-Pierre, vêtu du camail rouge et de l’étole papale.
Ce choix vestimentaire, tout comme son salut « La paix soit avec vous ! » en italien, est perçu comme un message d’unité, entre continuité et retour aux fondements.
Un pape à la fois moderne et enraciné
Léon XIV est un polyglotte accompli. Il parle anglais, français, italien, espagnol et portugais. Il lit également le latin et l’allemand.
Son nom de règne, Léon XIV, fait écho à Léon XIII, pape connu pour sa doctrine sociale. Ce choix indique une volonté de dialogue social dans un monde marqué par les inégalités et les ruptures technologiques.
Il évoque une Église « synodale, missionnaire, sans peur », qui avance « main dans la main » avec les plus faibles. Il s’adresse aussi à ses anciennes ouailles du Pérou en espagnol.
Il lance surtout cette phrase : « Le mal ne gagnera pas. » Une déclaration forte, résolument tournée vers l’avenir.
Un modéré face aux extrêmes
L’un des traits marquants de Léon XIV est sa capacité à rassembler. Il affiche un profil modéré, préférant le dialogue au conflit. Il est décrit comme calme, discret, mais solide dans ses convictions.
Il rappelle souvent que l’Église ne peut être un champ de bataille idéologique.
Pour Léon XIV, le monde évolue vite et l’Église doit rester en mouvement. Il pense que la forme peut évoluer, mais que le message de l’Évangile est intemporel.
Il veut une Église proche des jeunes, des pauvres, et consciente des défis planétaires.
Un homme de foi, un homme de terrain
Son parcours montre un équilibre rare entre pastorale et institution. Il a vécu parmi les plus pauvres, tout en connaissant les arcanes du Vatican. Il confiait un jour : « Je réponds toujours oui, quand on me demande un service. »
Une phrase simple, mais qui résume une vie de service.
Un pontificat entre continuité et renouveau
Léon XIV a été choisi pour prolonger l’œuvre de François. Moins charismatique, mais plus institutionnel, il pourrait être celui qui stabilise l’Église après une période intense.
Il devra affronter les défis des abus, des vocations en baisse, de la fracture culturelle entre Nord et Sud, tout en restant à l’écoute des signes de son temps.
Robert Francis Prevost incarne une Église en quête de sens et d’équilibre. Il mise sur l’écoute, la mission et la justice sociale.
Avec Léon XIV, une nouvelle ère s’ouvre pour les 1,4 milliard de catholiques dans le monde.