Études Parcours

Xi Jinping

Né le 15 juin 1953 à Pékin, Xi Jinping est le fils de Xi Zhongxun, un vétéran communiste et proche collaborateur de Mao Zedong. Cette affiliation familiale le place dès son jeune âge dans les cercles du pouvoir politique chinois, bien que son enfance soit marquée par de profonds bouleversements.

En effet, la carrière politique de son père est brutalement interrompue au début des années 1960 lorsque ce dernier est purgé par Mao, plongeant la famille Xi dans l’ombre du Parti communiste chinois (PCC). Xi Jinping, alors âgé de 9 ans, subit directement les conséquences de cette disgrâce familiale. Il fait face à de nombreux obstacles, notamment durant la Révolution culturelle où il est envoyé dans une région rurale pour une période de rééducation. Ce séjour forcé dans le village de Liangjiahe, dans la province du Shaanxi, façonne profondément la vision du jeune Xi, qui y passe près de sept ans à travailler dans des conditions dures et austères.

Un chimiste en devenir

Malgré cette période de tumultes, Xi Jinping parvient à rejoindre les rangs du Parti communiste chinois (PCC) en 1974 après plusieurs tentatives infructueuses. L’année suivante, il intègre l’Université Tsinghua, l’une des plus prestigieuses institutions académiques chinoises, où il se spécialise en ingénierie chimique. Toutefois, sa carrière ne prendra jamais la voie de l’ingénierie. Au lieu de cela, Xi commence à gravir les échelons du Parti, tirant parti de ses connexions familiales et de son habileté à naviguer dans les cercles politiques.

Une passion pour la politique

Après ses études, Xi Jinping est affecté à des postes locaux. En 1982, il est nommé secrétaire du xian de Zhengding dans la province du Hebei, où il commence à se faire un nom en tant qu’administrateur local. Sa capacité à gouverner des régions variées et complexes lui permet de monter en grade rapidement. En 1985, il devient vice-maire de Xiamen, une ville portuaire du Fujian. Ce poste est un tremplin qui lui permet de démontrer sa capacité à attirer des investissements et à moderniser une région en développement.

Au fil des années, Xi Jinping occupe des postes de plus en plus importants, devenant gouverneur du Fujian en 1999, puis secrétaire du parti dans la province du Zhejiang en 2002. Son passage dans ces régions est marqué par une politique de lutte contre la corruption et la promotion de la croissance économique.

En 2007, Xi Jinping fait son entrée sur la scène politique nationale en rejoignant le Comité permanent du Politburo, l’organe décisionnel le plus puissant de Chine. À partir de ce moment, sa trajectoire devient irrésistible. En 2008, il est nommé vice-président de la République populaire de Chine, un poste qui le positionne comme le successeur désigné du président Hu Jintao. Son ascension culminera en 2012 lorsqu’il devient secrétaire général du Parti communiste chinois et président de la Commission militaire centrale, deux postes-clés qui consolident son pouvoir.

Un président de la République populaire de Chine … à vie

Le 14 mars 2013, Xi Jinping est officiellement élu président de la République populaire de Chine, succédant à Hu Jintao. Dès le début de son mandat, Xi cherche à renforcer l’influence du Parti communiste chinois et à consolider son propre pouvoir. Il lance une vaste campagne anti-corruption, qui cible à la fois les cadres de rang inférieur et supérieur du Parti, envoyant un message clair : la corruption ne sera pas tolérée.

Xi s’attaque également à la modernisation de l’économie chinoise, tout en réaffirmant la place centrale de l’État dans le contrôle des secteurs stratégiques. Sa présidence est marquée par une centralisation accrue du pouvoir, avec un contrôle rigide sur les médias, les entreprises d’État et l’ensemble de la société civile.

L’une des contributions majeures de Xi Jinping à la doctrine du Parti communiste est la promotion du « rêve chinois », un concept qui met en avant l’idée de renouveau national. Ce rêve repose sur la promesse d’une modernisation économique, d’une amélioration du niveau de vie et d’un renforcement militaire. Xi Jinping vise à restaurer la place de la Chine en tant que puissance mondiale après des décennies de subordination face aux puissances occidentales.

Sa pensée politique, souvent appelée « Pensée de Xi Jinping », est officiellement inscrite dans la constitution du Parti communiste chinois lors d’un amendement en 2018. Cette pensée combine des éléments de socialisme aux caractéristiques chinoises et met l’accent sur une gouvernance centralisée, une discipline stricte au sein du Parti, ainsi qu’une opposition aux influences étrangères, notamment les valeurs démocratiques occidentales.

En 2018, Xi Jinping réussit à faire amender la Constitution chinoise pour supprimer la limite des mandats présidentiels, ouvrant ainsi la voie à un possible maintien au pouvoir pour une durée indéterminée. Cette décision marque une rupture avec la tradition établie par Deng Xiaoping visant à éviter la concentration excessive du pouvoir en limitant les présidents à deux mandats. Ce changement constitutionnel suscite de vives critiques, notamment de la part des observateurs internationaux qui y voient une volonté de s’ériger en dirigeant à vie.

La ceinture et la route

Sur la scène internationale, Xi Jinping a lancé l’ambitieuse initiative de la ceinture et de la route, un projet gigantesque d’infrastructures visant à renforcer les liens économiques et politiques entre la Chine et le reste du monde. Cette initiative, souvent qualifiée de nouvelle route de la soie, reflète l’ambition de la Chine de s’imposer comme un acteur incontournable dans le développement économique mondial.

L’initiative, qui s’étend à plus de 60 pays, implique la construction de routes, de voies ferrées, de ports et d’infrastructures énergétiques. Cependant, elle est également perçue comme une manière pour la Chine d’accroître son influence politique à l’échelle mondiale, en créant des dépendances économiques chez les pays partenaires.

Politiques sécuritaires et répression des minorités

Sous la présidence de Xi Jinping, la surveillance de la population chinoise a atteint des niveaux sans précédent. Des technologies telles que la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle sont largement utilisées pour contrôler les citoyens. La région du Xinjiang est particulièrement surveillée, où des rapports font état de la détention d’un million de Ouïghours dans des camps de rééducation.

En Hong Kong, Xi Jinping a imposé en 2020 une loi sur la sécurité nationale visant à réprimer les manifestations et les mouvements pro-démocratie. Cette loi a provoqué de vives critiques de la communauté internationale, mais a consolidé le contrôle de la Chine sur l’ancienne colonie britannique.

Sous la direction de Xi Jinping, la Chine s’est affirmée comme une puissance mondiale, tant sur le plan économique que militaire. Toutefois, son autoritarisme croissant, marqué par une répression sans précédent des droits de l’homme et des libertés civiles, pose des questions sur l’avenir politique du pays.

Les critiques internationales se sont intensifiées, en particulier autour de la pandémie de Covid-19, que la Chine a initialement tenté de minimiser avant de lancer une politique de zéro Covid controversée. L’opacité avec laquelle le gouvernement chinois a géré la crise sanitaire a terni l’image du pays, mais Xi Jinping reste fermement en contrôle du Parti et du pouvoir en Chine.

Avec la suppression des limites de mandat, Xi Jinping pourrait rester au pouvoir pour plusieurs décennies encore, inscrivant son nom dans l’histoire de la Chine aux côtés de Mao Zedong et Deng Xiaoping.