Pause numérique, plusieurs départements refusent de payer les casiers

L’interdiction des téléphones portables dans les collèges, mesure annoncée par le gouvernement et expérimentée dès la rentrée 2024 dans 200 établissements, suscite de vives réactions. L’un des aspects les plus controversés de cette initiative est la nécessité d’équiper les collèges de casiers sécurisés pour permettre aux élèves de ranger leurs téléphones durant la journée scolaire. Si l’objectif de réduire l’usage des téléphones portables en milieu scolaire semble faire consensus, le financement de cette mesure divise fortement les acteurs locaux, notamment les départements.
telephone casier

Des élus locaux pris de court

L’annonce de la « pause numérique » dans les collèges a surpris de nombreux élus départementaux, responsables de la gestion des établissements scolaires. Le 27 août 2024, ils apprennent dans la presse que l’interdiction totale des téléphones portables sera mise en place dans 200 collèges dès la rentrée, avant d’être généralisée en 2025. François Sauvadet, président de Départements de France (DF), s’est publiquement exprimé sur cette décision, déplorant un manque de concertation avec les élus locaux. Il a également mis en avant la question des coûts liés à cette mesure.

Si la volonté de limiter l’usage des téléphones portables est partagée par les départements, la question de savoir qui paiera les casiers pour les élèves est devenue centrale dans le débat. Le coût estimé pour équiper les 6 980 collèges publics français en casiers sécurisés ou en étuis anti-ondes avoisinerait les 125 millions d’euros. Cependant, l’État a rapidement fait savoir qu’il ne prendrait pas en charge cette dépense, laissant ainsi la responsabilité aux départements.

Un refus catégorique de plusieurs départements

Face à cette situation, plusieurs départements ont refusé de financer cette mesure. Le Loiret, le Loir-et-Cher et l’Indre-et-Loire figurent parmi les premiers à s’opposer à cette charge financière. Judicaël Osmond, Vice-Président du Conseil Départemental d’Indre-et-Loire, a exprimé son mécontentement, soulignant que cette initiative est une nouvelle fois :

Une mesure prise par l’État avec les moyens des autres.

D’après ses calculs, pour un collège de 400 élèves, l’achat d’étuis anti-ondes coûterait environ 9 000 euros. Ce montant est jugé trop élevé pour le budget départemental, surtout en période de contraintes budgétaires.

Le Lot partage également cette position, refusant de répondre favorablement aux demandes des établissements qui souhaiteraient financer des casiers. Catherine Prunet, Vice-Présidente en charge de l’Éducation, a critiqué cette décision de l’État, soulignant les difficultés financières auxquelles sont confrontées les collectivités locales, qui doivent faire face à des dépenses non planifiées.

Un besoin de personnel plutôt que de casiers

Pour de nombreux élus, la solution ne réside pas dans l’installation de casiers, mais dans le renforcement du personnel encadrant dans les collèges. Selon Stéphane Troussel, président du Département de Seine-Saint-Denis, l’interdiction des téléphones portables ne pourra être réellement appliquée que si les établissements disposent d’un nombre suffisant d’Assistants d’éducation (AED) et de Conseillers principaux d’éducation (CPE). Il rappelle que la loi de 2018 interdit déjà l’usage des téléphones dans les collèges, mais que l’absence de moyens humains pour la faire respecter est un problème récurrent.

Stéphane Troussel partage l’inquiétude quant à l’addiction aux écrans, un phénomène grandissant chez les élèves, mais souligne qu’il est illusoire de penser que cette situation peut être résolue uniquement avec des solutions techniques telles que des casiers. Pour lui, il faut surtout se concentrer sur la prévention et l’accompagnement des élèves, plutôt que de multiplier les équipements.

Des initiatives locales variées

Si certains départements refusent catégoriquement de financer les casiers, d’autres sont plus enclins à participer, mais sous certaines conditions. Stéphane Troussel a ainsi déclaré que son département serait prêt à financer des casiers dans les collèges qui en feraient la demande, bien qu’il insiste sur la nécessité de personnel de vie scolaire pour veiller à l’application effective des règles.

En revanche, les critiques envers le gouvernement ne faiblissent pas. Pour beaucoup d’élus, cette mesure a été décidée sans tenir compte des réalités locales et sans consultation préalable. De plus, l’absence d’un financement national pour une initiative aussi coûteuse est vue comme un transfert de charges vers les collectivités, déjà sous pression financière.

La mise en place de la pause numérique dans les collèges, bien qu’elle réponde à un véritable enjeu de société, soulève de nombreuses questions pratiques. La nécessité d’impliquer les départements dans la gestion de cette mesure, tant sur le plan financier que logistique, est essentielle pour assurer une application équitable et efficace sur tout le territoire. Les départements réclament une véritable concertation avec l’État pour trouver des solutions adaptées, à la fois en termes de financement et de moyens humains.

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