Pourquoi les contrats en alternance sont-ils plus fragiles en CAP, bac pro et BTS ?

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Chaque année, un nombre significatif d’apprentis en CAP, bac pro et BTS rompent leur contrat d’apprentissage. Selon la Dares, 29,3 % des jeunes inscrits en CAP ayant débuté un apprentissage en 2022 ont mis fin à leur contrat dans les neuf mois. Ce phénomène concerne également 22,5 % des apprentis au niveau bac et 26,2 % au niveau bac+2. Ces taux diminuent nettement pour les niveaux supérieurs, avec 14,5 % en bac+3 et seulement 11,9 % en bac+5.

Mais pourquoi les contrats en alternance sont-ils plus fragiles à ces niveaux de formation ? Plusieurs facteurs expliquent cette tendance, parmi lesquels les conditions de travail, une orientation mal adaptée et des secteurs d’activité spécifiques.

Les conditions de travail, un facteur déterminant

Selon une étude récente de la Dares, 65 % des apprentis imputent leur rupture à des problèmes liés à l’employeur ou au poste occupé. Ces problèmes incluent des conflits avec les responsables, des tâches jugées inadaptées ou des conditions de travail peu satisfaisantes.

Un apprenti mal intégré dans une équipe, confronté à un manque de suivi ou assigné à des missions éloignées de sa formation risque davantage de rompre son contrat. Comme le souligne Sabrina Labbé, enseignante-chercheure en sciences de l’éducation, « le manque de préparation de l’accueil d’un jeune dans une entreprise peut être un facteur majeur de rupture. »

Une orientation souvent subie

Une part importante des jeunes en CAP, bac pro et BTS s’engagent dans l’apprentissage par défaut, faute de meilleure alternative. 25 % des apprentis interrogés évoquent un désintérêt pour le métier ou une volonté de se réorienter comme principale cause de leur rupture.

Malgré les efforts pour faire découvrir les métiers aux élèves via des dispositifs comme les stages ou les journées d’immersion, beaucoup n’ont qu’une idée floue de leur futur métier. Une fois confrontés à la réalité du terrain, ils découvrent parfois que le poste ne correspond pas à leurs attentes, ce qui les pousse à mettre un terme à leur contrat.

Les jeunes ayant choisi l’apprentissage comme priorité dès leur orientation sont moins susceptibles de rompre leur contrat. Selon la Dares, 35 % des apprentis ayant opté pour l’apprentissage dès le départ rompent leur contrat, contre 39 % pour ceux qui s’y sont orientés par défaut.

Le rôle crucial des parents et du soutien familial

Les apprentis soutenus par leurs parents dans la recherche d’un contrat et leur choix de carrière sont moins exposés au risque de rupture. Le taux de rupture est de 30 % lorsque les parents jouent un rôle actif, contre 38 % pour ceux sans soutien parental.

Les origines sociales influencent également les taux de rupture. 43 % des apprentis dont au moins un parent est inactif mettent fin à leur contrat, contre 31 % pour ceux dont les parents occupent des professions intermédiaires ou cadres. Ces écarts traduisent les différences en termes de ressources relationnelles et matérielles, comme le réseau professionnel.

Des secteurs et structures plus exposés

Les petites structures, souvent moins équipées pour encadrer des apprentis, affichent des taux de rupture plus élevés. 43 % des ruptures concernent des entreprises de moins de cinq salariés, contre 19 % pour celles de 250 salariés ou plus. Or, les apprentis en CAP et bac pro sont majoritairement employés dans de petites entreprises.

Certains secteurs sont particulièrement concernés par les ruptures de contrat, notamment :

  • Hébergement et restauration : 55 % de ruptures.
  • Industries agroalimentaires : 44 %.
  • Coiffure et soins de beauté : 44 %.

Ces secteurs sont souvent caractérisés par des conditions de travail difficiles, comme des horaires décalés ou une pénibilité accrue, ce qui peut décourager les apprentis.

Vers une meilleure intégration des apprentis

Pour réduire ces taux de rupture, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  1. Renforcer l’accompagnement des apprentis dès leur entrée en entreprise.
  2. Améliorer l’orientation en proposant davantage de stages d’observation et de rencontres avec des professionnels.
  3. Soutenir les petites entreprises dans l’accueil des apprentis, avec des aides spécifiques pour l’encadrement.
  4. Impliquer les familles dans le processus d’apprentissage pour offrir un soutien supplémentaire.

L’objectif est de créer des conditions favorables permettant aux apprentis de s’épanouir tout en développant leurs compétences professionnelles.

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