Une France à reconstruire
En 1944, la France sort exsangue de l’Occupation allemande. Le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle, prend en main la réorganisation du pays. Inspiré par le programme du Conseil national de la Résistance (CNR), il engage une série de réformes majeures :
- Nationalisations de secteurs stratégiques (banques, énergie, transports)
- Création de la Sécurité sociale en 1945
- Mise en place des comités d’entreprise dans les grandes entreprises
De Gaulle quitte le pouvoir
Malgré son rôle central dans la Libération, de Gaulle rejette le retour d’un régime parlementaire. Il quitte donc ses fonctions en janvier 1946. Son discours de Bayeux en juin 1946 expose sa vision : pour que la France soit forte, il faut un chef de l’État fort, au-dessus des partis.
Une nouvelle Constitution
Après un premier projet rejeté par référendum en mai 1946, une nouvelle Assemblée constituante est élue. Le 13 octobre 1946, les Français approuvent la Constitution de la IVe République, qui met en place un régime parlementaire.
Le Président du Conseil (l’équivalent du Premier ministre) est investi par l’Assemblée nationale, où il doit trouver une majorité. Le Président de la République devient une figure symbolique, avec peu de pouvoirs.
Un parlement tout-puissant
Le régime repose sur la domination du pouvoir législatif. Le Parlement est composé de deux chambres :
- L’Assemblée nationale, qui vote les lois, investit le gouvernement et peut le renverser
- Le Conseil de la République, avec un rôle consultatif
Le scrutin proportionnel entraîne une forte fragmentation politique et rend difficile la formation de majorités stables.
Une instabilité gouvernementale chronique
Entre 1947 et 1958, pas moins de 24 gouvernements se succèdent. Les coalitions explosent régulièrement, et les crises ministérielles se multiplient.
Les grandes formations de la période sont :
- Le Parti communiste français (PCF)
- La SFIO (socialistes)
- Le MRP (chétiens-démocrates)
- Le RPF du général de Gaulle
Une modernisation économique
Malgré son instabilité politique, la IVe République engage une véritable reconstruction industrielle :
- Plans quinquennaux de modernisation
- Développement de secteurs stratégiques (automobile, aéronautique)
- Aides américaines via le plan Marshall
Cette période prépare les bases des Trente Glorieuses.
Des avancées sociales
La politique sociale est marquée par plusieurs avancées importantes :
- Création du SMIG (salaire minimum) en 1950
- Allongement des congés payés en 1956 (trois semaines)
- Augmentation des allocations familiales et des retraites
L’engagement européen
La IVe République est aussi un acteur majeur de la construction européenne. Sous l’impulsion de Robert Schuman, la France participe à la création de la CECA en 1951, prélude à l’Union européenne.
L’échec de la guerre d’Indochine
La France mène une guerre d’usure contre le Viêt Minh de Hô Chi Minh, soutenu par l’URSS. La défaite de Diên Biên Phu en mai 1954 marque la fin du conflit. Pierre Mendès France signe les Accords de Genève, accordant l’indépendance au Laos, Cambodge et Vietnam.
Le début de la guerre d’Algérie
Le 1er novembre 1954, une série d’attentats lance la guerre d’Algérie. Face au FLN, le gouvernement réagit avec fermeté. La répression s’intensifie, et le conflit divise profondément la société française.
La crise de mai 1958
L’arrivée au pouvoir de Pierre Pflimlin, favorable à un dialogue avec le FLN, provoque un soulèvement à Alger. Le 13 mai, un Comité de salut public exige le retour du général de Gaulle. Le 1er juin, il est investi comme Président du Conseil.
La naissance de la Ve République
De Gaulle fait réviser la Constitution et propose un nouveau texte, approuvé par référendum le 28 septembre 1958. Le 4 octobre, la Ve République entre officiellement en vigueur. Le régime parlementaire faible de la IVe République laisse place à un régime présidentiel fort, pensé selon la vision gaullienne de l’État.