Le verdict du « Roi des pets »
L’histoire remonte à 1998, quand le Dr Michael Levitt, un gastro-entérologue américain surnommé très sérieusement le « Roi des pets », a décidé d’analyser ce qui sortait réellement de nos intestins. L’expérience était simple, bien que peu glamour : 16 volontaires en bonne santé (10 hommes et 6 femmes), un régime strict à base de haricots pinto et de lactulose (un laxatif), et un système de collecte via un tube rectal.
Le but ? Capturer les gaz pour une analyse chromatographique précise. Pour valider les résultats chimiques, deux « juges d’odeurs » ont même dû renifler les échantillons à l’aveugle et noter l’intensité sur une échelle de 0 à 8. C’est ce qu’on appelle le dévouement scientifique.
Qualité vs Quantité : la chimie explique tout
Les résultats de l’étude ont mis en lumière une différence biologique fondamentale. Les hommes produisent généralement un plus grand volume de gaz. C’est un fait, ça « souffle » plus fort côté masculin. En revanche, l’analyse a révélé que les gaz féminins contiennent une concentration beaucoup plus élevée de sulfure d’hydrogène.
Pourquoi est-ce important ? Parce que 99 % des gaz que nous émettons (azote, hydrogène, CO2) sont totalement inodores. Le 1 % restant est composé de gaz soufrés, dont le fameux sulfure d’hydrogène, responsable de cette odeur caractéristique d’œuf pourri.
Les juges de l’étude ont confirmé la chimie : les échantillons féminins ont systématiquement été notés comme ayant une « intensité olfactive supérieure » et étant « plus offensants » (note de 6,7 pour les femmes contre 5,1 pour les hommes). C’est donc une réalité biologique qui explique peut-être pourquoi, selon une étude de 2005, les femmes sont statistiquement beaucoup plus gênées par leurs flatulences que les hommes.
Un bouclier inattendu contre Alzheimer ?
C’est là que l’info devient fascinante (et rassurante). Ce fameux sulfure d’hydrogène, qui vous vaut des regards en biais dans l’ascenseur, ne sert pas qu’à empester l’atmosphère. Il joue un rôle crucial dans l’organisme.
Une étude menée par l’Université Johns Hopkins en 2021 a établi un lien surprenant entre ce gaz et la santé cérébrale. À petite dose, le sulfure d’hydrogène aide les cellules du cerveau à communiquer entre elles via un processus appelé la sulfhydration. Or, les scientifiques savent que les niveaux de sulfhydration chutent naturellement avec l’âge, particulièrement chez les patients atteints d’Alzheimer.
Lors de tests sur des souris génétiquement modifiées pour imiter la maladie d’Alzheimer, l’injection d’un composé libérant du sulfure d’hydrogène a donné des résultats spectaculaires :
- Une amélioration de 50 % des fonctions cognitives et motrices.
- Une meilleure mémoire spatiale (capacité à retrouver la sortie d’un labyrinthe).
- Une activité physique plus intense par rapport aux souris non traitées.
Ce qu’il faut retenir
Si les résultats sur l’homme doivent encore être confirmés à grande échelle, la piste est sérieuse. Ce gaz, toxique à haute dose mais naturellement produit par notre digestion, pourrait protéger nos neurones du vieillissement. Le fait que les femmes en produisent une concentration plus forte pourrait donc être un avantage évolutif caché.
Rappelons enfin que péter est un signe de bonne santé digestive. Un être humain moyen expulse des gaz entre 14 et 23 fois par jour. Si vous êtes dans cette fourchette, votre corps fonctionne parfaitement, peu importe l’odeur.








