L’accord repose sur un principe clair : chaque fois que Perplexity intègre des articles du Monde dans ses réponses IA, un lien vers la source originale est inclus. Cela permet de respecter le droit d’auteur tout en garantissant une visibilité supplémentaire au journal. Contrairement à d’autres partenariats, les contenus du Monde ne sont pas utilisés pour entraîner les modèles d’IA de la start-up, mais uniquement pour la génération des réponses.
Sonar : un moteur de réponse sémantique
Au cœur de cette alliance, un outil suscite l’intérêt : Sonar, le moteur de recherche de Perplexity, fondé sur le modèle open source Llama 3.3 70B de Meta. Il sera intégré directement sur les plateformes du Monde dès juin. Ce moteur propose des réponses synthétiques à partir d’archives du journal, enrichies de liens vers les articles cités. L’objectif : offrir une expérience de recherche fluide, fiable et contextualisée.
L’accord ne prévoit pas l’utilisation des articles pour former des IA. Les contenus sont exploités uniquement lors de la phase de génération des réponses. Cela permet de préserver l’intégrité des données et d’assurer un usage conforme au droit d’auteur. Le Monde insiste sur la nécessité d’un cadre contractuel clair pour tout accès à ses archives.
Une vision non exclusive et ouverte
Le journal adopte une posture pragmatique : à l’instar de son accord avec OpenAI en 2024, cette collaboration avec Perplexity est non exclusive. Le Monde continue d’explorer différents modèles de collaboration tout en conservant sa liberté éditoriale. Il réaffirme que ses journalistes restent libres de couvrir les activités de Perplexity et du secteur de l’IA.
Cette alliance vise aussi à attirer une génération de lecteurs familiers des outils IA. L’intégration de Sonar permet au Monde de rester compétitif face à l’évolution des habitudes de recherche d’information. Le journal veut se positionner comme un acteur central dans l’écosystème des médias et de l’intelligence artificielle.
Des tensions autour de l’IA et des contenus journalistiques
Le partenariat intervient dans un contexte de conflits entre médias et plateformes IA. Aux États-Unis, Perplexity a déjà été visé par des plaintes du Wall Street Journal et du New York Post pour usage abusif de leurs contenus. En France, certains acteurs restent prudents face aux technologies génératives, notamment concernant la transparence et la rémunération.
Jérôme Fenoglio et Louis Dreyfus, respectivement directeur et président du directoire du Monde, voient dans ce partenariat un modèle équilibré. Ils appellent à multiplier les accords protecteurs pour l’ensemble de la presse européenne. « Il serait paradoxal que seules des sociétés américaines signent de tels accords », soulignent-ils dans une tribune récente.
En signant avec Perplexity, Le Monde affiche une volonté de façonner l’avenir de l’information assistée par l’IA, sans sacrifier ses principes fondamentaux. Ce choix traduit une stratégie d’adaptation active, dans un monde où l’intelligence artificielle transforme la manière dont nous accédons à l’actualité et à la connaissance.