Cette annonce intervient alors que TikTok, propriété de l’entreprise chinoise ByteDance, fait face à une forte pression politique aux États-Unis. Une loi votée en 2024 exige que ByteDance vende ses activités américaines, sous peine d’une interdiction totale sur le territoire. Cette mesure s’inscrit dans un contexte où le gouvernement américain craint que TikTok ne soit utilisé pour collecter des données ou influencer l’opinion publique pour le compte de Pékin.
Ce n’est pas la première fois que TikTok est au centre d’une polémique. En 2020, lors du premier mandat de Donald Trump, une tentative similaire avait été entreprise pour forcer ByteDance à vendre l’application. À cette époque, Microsoft, allié à Walmart, avait soumis une offre pour acquérir les activités américaines de TikTok. Cependant, ByteDance avait décliné la proposition, optant pour un partenariat avec Oracle, qui n’a finalement jamais abouti.
Aujourd’hui, avec un délai supplémentaire de 75 jours accordé par le gouvernement américain, ByteDance doit rapidement trouver une solution pour éviter l’interdiction de l’application, qui compte plus de 170 millions d’utilisateurs actifs aux États-Unis.
Oracle et d’autres investisseurs en lice
Outre Microsoft, d’autres entreprises pourraient également être impliquées dans cette acquisition. Selon des sources relayées par NPR, le gouvernement américain envisagerait de former un groupe d’investisseurs autour d’Oracle, un géant du cloud computing, afin de prendre le contrôle des données et de l’algorithme de TikTok. Dans ce scénario, ByteDance conserverait un statut d’actionnaire minoritaire.
Le projet inclurait également une participation américaine de 50 % dans le capital de TikTok, permettant à l’application de continuer à fonctionner aux États-Unis tout en limitant l’influence chinoise. Cette approche vise à protéger les données des utilisateurs américains et à assurer la sécurité nationale, tout en préservant la popularité massive de TikTok auprès des jeunes.
Les inquiétudes concernant TikTok ne se limitent pas aux États-Unis. Le gouvernement britannique a récemment exprimé des « préoccupations réelles » sur l’utilisation des données des utilisateurs. Peter Kyle, ministre britannique de la Technologie, a déclaré : « J’ai des inquiétudes sur l’actionnariat de TikTok et sur l’usage des données », tout en écartant l’idée d’une interdiction totale de l’application au Royaume-Uni. ByteDance a tenté de rassurer en investissant 10 milliards de livres dans un programme de sécurité des données en Europe, mais le scepticisme persiste.
Pour Microsoft, acquérir TikTok pourrait représenter une opportunité stratégique majeure. L’application est une mine d’or en termes de données et d’engagement des utilisateurs, des éléments précieux pour renforcer les capacités publicitaires de Microsoft et améliorer ses outils de marketing. TikTok, avec sa base massive d’utilisateurs et son format innovant, pourrait également ouvrir de nouvelles perspectives dans le domaine des médias sociaux.
Cependant, le chemin vers l’acquisition reste semé d’embûches, notamment en raison des négociations complexes avec ByteDance et des implications géopolitiques.
Donald Trump a déclaré qu’une décision concernant l’avenir de TikTok devrait être prise dans les 30 prochains jours, laissant planer le suspense sur l’identité de l’acquéreur final. Outre Microsoft et Oracle, d’autres investisseurs, comme le milliardaire Frank McCourt ou des start-ups spécialisées dans l’intelligence artificielle, ont également manifesté leur intérêt.
Quoi qu’il en soit, cette affaire marque un tournant décisif pour TikTok, qui devra naviguer entre les exigences politiques, les intérêts économiques et la pression de ses millions d’utilisateurs dans le monde entier.
Lire aussi : dans quels pays Tik Tok est-il interdit ?
