Vérification d’âge sur Spotify : pourquoi la plateforme veut vos papiers

Des utilisateurs français de Spotify ont été surpris de voir apparaître un message leur demandant de prouver leur âge avec une pièce d’identité. Cette mesure, loin d’être anodine, s’inscrit dans un contexte global de régulation du web où la vérification d’âge devient peu à peu la norme, même pour écouter de la musique.
spotify piece identite

Une nouvelle étape dans la surveillance numérique ?

Jusqu’ici, on associait les vérifications d’âge aux plateformes pour adultes. Mais désormais, Spotify entre dans la danse. La plateforme de streaming suédoise a mis en place un système de contrôle pour certains contenus jugés sensibles, comme des clips vidéo classés 18+. Si l’utilisateur tente d’y accéder, il peut se voir demander une preuve de son âge — et pas n’importe comment.

Deux options : reconnaissance faciale ou pièce d’identité

Spotify propose d’abord une estimation de l’âge via reconnaissance faciale. Si cela ne fonctionne pas, l’utilisateur est invité à envoyer une photo de sa carte d’identité, permis de conduire ou passeport. Ce processus est réalisé en partenariat avec la start-up Yoti, spécialisée dans la vérification d’identité numérique.

Yoti avait déjà été sollicitée par d’autres acteurs comme la FDJ pour vérifier l’âge des joueurs en ligne. Sur Spotify, cette solution s’applique uniquement dans des cas spécifiques : principalement pour accéder à des vidéos restreintes.

Le refus de vérification peut coûter cher

Si un utilisateur refuse de se soumettre à la procédure ou échoue plusieurs fois, le compte peut être désactivé, voire supprimé. En revanche, ceux qui n’essaient pas d’accéder aux contenus 18+ ne sont pas concernés par cette mesure.

« Si vous ne pouvez pas prouver que vous avez l’âge minimum requis dans votre pays, vous ne pouvez pas utiliser Spotify. »

Un changement qui ne tombe pas du ciel

Ce n’est pas une lubie soudaine de la plateforme. La mesure anticipe les évolutions législatives en Europe. Depuis la mise en place du Online Safety Act au Royaume-Uni, et les obligations imposées aux sites pornographiques ou aux réseaux sociaux, les géants du numérique renforcent leurs systèmes de contrôle d’accès.

En France, un arrêté publié début 2025 impose déjà aux plateformes adultes d’implémenter des outils de vérification d’âge. Spotify, bien qu’en dehors de ce champ direct, semble préparer le terrain face à une potentielle extension de la loi aux autres contenus sensibles.

Des réactions partagées sur les réseaux sociaux

Ce dispositif ne passe pas inaperçu. Sur X, plusieurs internautes dénoncent ce qu’ils considèrent comme une atteinte à leur vie privée. D’autres y voient le début d’un glissement vers une hyper-surveillance numérique.

« Aujourd’hui c’est Spotify, demain ce seront les livres ou les podcasts. Jusqu’où ira-t-on ? »

Mais que fait Spotify de nos données ?

La plateforme insiste : les données collectées ne sont ni conservées, ni partagées. La vérification prendrait moins d’une minute, et les photos d’identité seraient immédiatement supprimées après validation. Mais pour beaucoup, cette promesse ne suffit pas à dissiper les doutes.

Dans un monde où les fuites de données et les piratages sont devenus monnaie courante, fournir une pièce d’identité à une application musicale peut sembler excessif. Pourtant, l’objectif affiché est de protéger les mineurs de contenus explicites.

Une tendance qui dépasse Spotify

Spotify n’est pas seul. D’autres plateformes comme YouTube, Discord ou TikTok mettent aussi en place des contrôles similaires. En analysant le comportement des utilisateurs ou via des estimations d’âge, l’intelligence artificielle est de plus en plus sollicitée pour déterminer qui peut voir quoi.

Ce qui était encore impensable il y a quelques années devient la norme : vérifier l’âge avant de consommer du contenu, quelle que soit la plateforme. Si certains applaudissent cette évolution, d’autres redoutent que cela mène à un Internet plus fermé, où l’accès passe systématiquement par une preuve d’identité.

Un web plus sûr, ou plus verrouillé ?

Dans le fond, le débat va au-delà de Spotify. Il interroge notre rapport à la liberté en ligne, à la vie privée, et à la culture numérique. Peut-on réellement garantir la protection des jeunes sans instaurer une forme de surveillance généralisée ? Et surtout, est-ce que cela passe forcément par l’abandon de notre anonymat numérique ?

À suivre

Pour l’instant, le contrôle d’âge reste limité à certains usages. Mais avec les législations en cours de discussion en France et en Europe, il est probable que le contrôle d’identité devienne un standard bien plus large. Et Spotify pourrait n’être que le premier domino d’une longue série.

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