L’annonce de Médiapart intervient dans un contexte politique tendu. Donald Trump, fraichement réélu, prendra ses fonctions ce même jour aux États-Unis, marquant un tournant inquiétant pour la presse. À cela s’ajoute la nomination d’Elon Musk à la tête d’un « ministère de l’efficacité gouvernementale ».
Selon Carine Fouteau, présidente et directrice de la publication, cette décision est le fruit d’une discussion collective au sein de l’équipe de Médiapart et d’un travail de réflexion sur le rôle de la presse dans un espace numérique en crise.
Pourquoi Médiapart quitte X ?
Depuis son rachat en 2022 par Elon Musk, X est accusé de laisser proliférer la désinformation, les contenus haineux et le manque de modération. Le média d’investigation dénonce un réseau transformé en outil de manipulation, où le chaos de l’information prime.
« Nous avons chroniqué comment le patron de X a instrumentalisé son réseau social pour faire entrer le monde dans une nouvelle ère, celle du chaos de l’information », souligne Carine Fouteau.
Pour Médiapart, le rôle de la presse est de défendre la vérité des faits, en produisant des informations recoupées, vérifiées et documentées. Rester sur X reviendrait à légitimer un outil hostile à cette mission, tout en exposant ses lecteurs et lectrices aux dangers de la désinformation.
En alimentant l’algorithme de la plateforme, Médiapart estime participer à un système destructeur qui privilégie le sensationnel et la viralité au détriment de l’information rigoureuse.
Une stratégie tournée vers l’avenir
Médiapart a affirmé sa volonté de renforcer sa présence sur d’autres plateformes, telles que :
- Mastodon, un réseau décentralisé porté par des règles de modération différenciées.
- Bluesky, une alternative prometteuse qui attire de plus en plus d’utilisateurs.
Le média s’engage également à organiser plus d’événements publics à travers la France pour maintenir un lien direct avec son audience.
« Nous refusons l’entre-soi : la bulle, aujourd’hui, c’est X ».
Grâce à un modèle basé sur le soutien exclusif de ses abonné·es, Médiapart jouit d’une liberté totale vis-à-vis des plateformes numériques et de leurs algorithmes. Ce choix stratégique lui permet de ne pas dépendre d’audiences éphémères ou des tendances virales dictées par les géants de la tech.
Médiapart critique sévèrement le rôle de X dans la propagation des idéologies extrêmes, notamment du suprémacisme blanc, qu’il estime aujourd’hui intrinsèque à la plateforme. Selon le journal, il ne s’agit pas d’un simple problème de modération, mais d’une dérive systémique sans précédent.
« Il existe une différence de nature, et non pas de degrés, entre X et ses alternatives. X est devenue une arme aux mains des idéologies les plus dangereuses ».
En quittant X, Médiapart rejoint une initiative plus large menée par d’autres médias et organisations pour reconstruire un espace numérique éthique et inclusif. Cette nouvelle « rue numérique » aspire à une liberté d’expression respectueuse, débarrassée des dérives algorithmiques.
Pour faciliter la transition, Médiapart invite ses abonné·es et lecteurs à rejoindre des réseaux alternatifs :
- Mastodon : via des instances comme Piaille.fr, un espace francophone de confiance.
- Bluesky, une autre plateforme en développement rapide.
Le média accompagnera sa communauté dans cette migration pour garantir la continuité du dialogue et de l’accès à l’information.
Le départ de Médiapart de X illustre un choix clair : celui de privilégier la qualité de l’information et l’éthique journalistique face aux dérives des grandes plateformes numériques. Ce geste résonne comme un appel à repenser notre rapport aux réseaux sociaux et à défendre un Internet libre, inclusif et résilient face aux assauts de la désinformation.
À partir du 20 janvier 2025, Médiapart cessera toute activité sur X, laissant ses journalistes libres de choisir leur positionnement personnel. Le combat pour une information rigoureuse continue, loin des pièges tendus par les géants de la tech.