La décision de rétrocéder la base d’Abidjan intervient dans un contexte où la France revoit son dispositif militaire sur le continent africain. Depuis 2022, plusieurs pays sahéliens comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont exigé le retrait des troupes françaises de leur territoire. Le Sénégal et le Tchad ont récemment suivi cette tendance, marquant une rupture avec la présence militaire hexagonale historique.
La base de Faya, au Tchad, a été officiellement rétrocédée aux autorités locales le 26 décembre 2024. En Côte d’Ivoire, environ 1 000 soldats français étaient déployés au 43e BIMA (bataillon d’infanterie de marine), jouant un rôle crucial dans la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel et dans le Golfe de Guinée.
Le président Ouattara a mis en avant la modernisation de l’armée ivoirienne, soulignant les progrès réalisés en termes d’équipements et de formations. Cette modernisation vise à renforcer la capacité du pays à assurer sa propre sécurité, notamment face aux menaces djihadistes qui persistent dans la région.
Le camp militaire rebaptisé portera le nom d’un héros national, marquant un tournant symbolique et affirmant la volonté de souveraineté du pays. Cette décision répond également aux aspirations des populations africaines à prendre le contrôle de leur propre destin militaire.
La présence Française en Afrique dérange
La présence militaire française en Afrique a été largement contestée ces dernières années. Des manifestations massives au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont réclamé la fin de l’influence française. Cette pression populaire, combinée à des changements politiques dans ces pays, a conduit à une réduction significative des effectifs militaires français sur le continent.
En Côte d’Ivoire, le gouvernement maintient des relations diplomatiques positives avec la France, tout en mettant en avant un objectif de souveraineté nationale. Cette démarche rappelle celle du Sénégal, qui a également mis fin à la présence militaire française tout en préservant des liens étroits avec Paris.
Pour autant la Côte d’Ivoire reste un allié stratégique pour la France en Afrique de l’Ouest. Ce retrait des troupes marque une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays, basée sur un partenariat plus égalitaire. Avec l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025, cette annonce pourrait également jouer un rôle dans la dynamique politique interne du pays.
La réorganisation militaire de la France sur le continent africain laisse encore deux bases permanentes, à Djibouti et au Gabon, marquant une fin progressive de l’ère d’influence militaire directe de Paris en Afrique. Cette transformation souligne l’émergence d’une Afrique qui cherche à redéfinir ses relations internationales et à assumer un rôle plus autonome sur la scène mondiale.