Dans sa vidéo, Laurène interprète des esthéticiennes avec sarcasme, reproduisant des dialogues qu’elle présente comme sexistes ou désobligeants. Parmi les phrases incriminées :
« Mais votre compagnon, ça ne le dérange pas que vous ne fassiez pas le maillot intégral ? » ou encore « Vous savez, ce n’est pas parce qu’on est célibataire qu’on doit se négliger.».
Cette vidéo parodique, qui compte aujourd’hui plus de 1,3 million de vues, a rapidement divisé les internautes.
Si certains y voient une critique humoristique des pratiques de l’enseigne, Body Minute n’apprécie pas du tout cette exposition. Plusieurs mois après, les premières tensions apparaissent avec des messages d’esthéticiennes envoyés directement à Laurène sur Instagram. Ces messages indiquent que l’entreprise aurait demandé à ses employés de signaler la vidéo pour obtenir sa suppression, une tentative infructueuse.
Face à l’échec des signalements, Body Minute décide de pousser plus loin ses actions. L’entreprise contacte l’ancien employeur de Laurène pour insinuer que cette vidéo aurait été commanditée dans le cadre de compétitions commerciales, une hypothèse démentie par la créatrice. Parallèlement, des huissiers sont envoyés sur son lieu de travail pour tenter de trouver des preuves compromettantes sur ses outils professionnels, mais sans succès.
Malgré ces échecs, Body Minute ne renonce pas. En octobre 2024, Laurène reçoit une mise en demeure exigeant la suppression de sa vidéo. Ayant refusé d’accéder à cette demande, elle est assignée devant le tribunal de commerce pour « dénigrement commercial ». L’audience est fixée au 16 janvier 2025.
Le 31 décembre 2024, Body Minute publie une vidéo TikTok pour répliquer publiquement, surnommant Laurène « Laurène la haine ». L’enseigne y dénonce les prétendus mensonges et propos calomnieux de la créatrice de contenus. Cette vidéo suscite une vague d’indignation, amplifiée par les réactions massives des internautes sur la plateforme.
De nombreux utilisateurs et influenceurs prennent position contre la marque. Les critiques fusent : « Body Minute, vous ruinez votre image », « Arrêtez de harceler Laurène ! » ou encore « Vous devriez vous concentrer sur la formation de vos esthéticiennes ». Des vidéos témoignant de mauvaises expériences en institut s’accumulent, renforçant le bad buzz.
L’effet Streisand : un cas d’école en gestion de crise
La situation illustre parfaitement l’« effet Streisand » : en cherchant à faire disparaître une information, Body Minute lui donne une visibilité encore plus grande. Des experts en communication pointent du doigt une stratégie obsolète. Selon Anaïs Loubère, spécialiste en stratégie numérique, « la marque aurait dû opter pour une réponse humoristique ou proposer un contenu positif pour redorer son image ».
En agissant avec insistance, Body Minute a non seulement renforcé l’impact de la vidéo initiale, mais aussi ouvert la voie à une avalanche de critiques concernant ses pratiques. La marque tente de calmer le jeu en annonçant être prête à retirer sa plainte si Laurène supprime ses contenus. Cependant, cette offre ne suffit pas à apaiser les tensions.