Né en 1938, fils du philosophe Jean Kahn, il se démarque très jeune par son esprit vif et son goût pour le débat. Diplômé en histoire, il se tourne rapidement vers le journalisme, un métier qui deviendra sa vocation et son mode d’expression préféré.
Une carrière journalistique à la mesure d’un homme engagé
Jean-François Kahn commence sa carrière à Paris Presse l’Intransigeant où il couvre des événements majeurs comme la guerre d’Algérie. En 1965, il marque les esprits en révélant l’affaire Ben Barka, un scandale qui reste dans les annales du journalisme d’investigation.
Il collabore ensuite avec des médias prestigieux tels que L’Express, Le Monde et Europe 1, où il se distingue par son ton incisif et son regard critique. En 1977, il devient directeur de la rédaction des Nouvelles Littéraires, avant de prendre les rênes du Matin de Paris en 1983.
En 1984, Jean-François Kahn fonde L’Événement du Jeudi, un hebdomadaire innovant qui rencontre un franc succès grâce à une formule audacieuse et participative. Ce journal, à travers lequel les lecteurs pouvaient devenir actionnaires, révolutionne le modèle éditorial de l’époque.
En 1997, il crée Marianne, un hebdomadaire d’information générale qui se veut une alternative aux grands titres dominants. Sous sa direction, le journal adopte une ligne éditoriale libre et engagée, privilégiant les débats d’idées. Il reste à la tête de Marianne jusqu’en 2007, avant de passer le flambeau tout en continuant d’y collaborer jusqu’à 2011.
Jean-François Kahn a également marqué les esprits par ses nombreux ouvrages, témoignant de sa réflexion sur les évolutions sociales et politiques. Parmi ses publications les plus notables figurent Tout change parce que rien ne change, Les Rebelles : celles et ceux qui ont dit non, ou encore L’Horreur médiatique, dans lequel il dénonce la pensée unique et les dérives de la sphère médiatique.
Ces livres, à la croisee des genres, oscillent entre essai et pamphlet, reflètent sa volonté de questionner les dogmes et de stimuler le débat public.
Personnalité engagée, Jean-François Kahn a souvent pris position dans les grands débats de société. En 2007 et 2012, il apporte son soutien à la candidature de François Bayrou à la présidentielle, qu’il considérait comme un homme capable de répondre aux défis de la France. Il participe également aux élections européennes de 2009 sur une liste MoDem, mais choisit de démissionner après son élection pour se recentrer sur son métier de journaliste.
Jean-François Kahn a laissé une empreinte durable dans l’univers des médias. Cependant, son parcours n’a pas été exempt de polémiques. En 2011, ses propos sur l’affaire Dominique Strauss-Kahn, qualifiant les faits de « troussage de domestique », suscitent un tollé. Cette controverse l’amène à se retirer définitivement du journalisme actif.
Malgré ces écarts, Jean-François Kahn reste une figure emblématique du journalisme français, reconnu pour sa liberté de ton, son esprit critique et son audace éditoriale. Il incarnait une vision du journalisme où la recherche de la vérité primait sur les compromissions.
Son décès a suscité de nombreuses réactions dans le monde politique et médiatique. François Bayrou, ancien candidat à la présidentielle et proche de Jean-François Kahn, a salué :
un géant et un homme rare.
Selon lui, l’éditorialiste incarnait :
le centrisme révolutionnaire, l’humanisme et la créativité audacieuse
Journaliste de talent et penseur de son temps, Jean-François Kahn laisse derrière lui un héritage unique dans le paysage médiatique français.