Entre juin et septembre 2015, Jean-Marc Morandini, alors producteur de la websérie Les Faucons, avait adopté des pratiques controversées dans le cadre de son casting. Utilisant un pseudonyme, Catherine Leclerc, il avait contacté de jeunes comédiens âgés de 19 à 26 ans pour leur demander des vidéos explicites : scènes de nudité, pubis rasé et parfois masturbation avec éjaculation. Sous couvert d’un rôle prétendument artistique, ces demandes constituaient en réalité des pressions psychologiques exercées sur des aspirants acteurs. L’un des plaignants, Gabriel, avait témoigné des mails reçus, signés « maman », demandant s’il accepterait des actes à caractère sexuel pour satisfaire les exigences supposées du rôle.
La Cour d’appel a aggravé la peine prononcée en première instance en 2023, où Jean-Marc Morandini avait été condamné à six mois de prison avec sursis. Désormais, en plus des 18 mois de prison avec sursis, il devra payer une amende de 50 000 euros pour travail dissimulé, ainsi que 10 000 euros supplémentaires pour dédommager les victimes, dont Gabriel. Il a également l’obligation de suivre des soins psychologiques pour une durée de deux ans.
Me Besma Maghrebi, avocate de l’un des plaignants, s’est félicitée de cette décision, déclarant :
Cette condamnation confirme la reconnaissance de la qualité de victime pour nos clients. C’est un message fort envoyé aux victimes de harcèlement sexuel.
Jean-Marc Morandini n’en est pas à sa première affaire judiciaire. En 2022, il avait été condamné pour corruption de mineurs dans une autre affaire impliquant des échanges à caractère sexuel avec des adolescents. Cette précédente condamnation avait déjà ébranlé sa réputation, mais il avait été maintenu à l’antenne de CNews grâce au soutien de Vincent Bolloré, propriétaire de la chaîne.
Malgré ces affaires, Jean-Marc Morandini a conservé sa place sur CNews, où il anime l’émission quotidienne Morandini Live. Vincent Bolloré, magnat des médias et propriétaire du groupe Canal+, a toujours soutenu l’animateur, arguant de la présomption d’innocence tant qu’aucune condamnation définitive n’était prononcée. Cette stratégie a permis à l’animateur de rester en poste, malgré les grèves massives et les controverses qu’il suscite.
Toutefois, cette nouvelle condamnation pourrait fragiliser davantage sa position. Si Jean-Marc Morandini se pourvoit en cassation, il pourrait encore prolonger son passage à l’antenne, car la procédure judiciaire ne serait pas définitivement close.
Les victimes ont exprimé un profond soulagement après cette décision. Gabriel, l’un des plaignants, a déclaré :
Cette reconnaissance par la justice permet de tourner une page douloureuse et de changer la dynamique qui oppressait les victimes.
Les avocates de Jean-Marc Morandini, en revanche, ont annoncé leur intention de saisir la Cour de cassation, affirmant que leur client contestait catégoriquement les accusations.
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