Adrien Guihal demande son rapatriement en France

Adrien Guihal, connu sous le nom d’Abou Oussama al-faransi, est l’un des djihadistes français les plus recherchés. Originaire de Seine-Saint-Denis et converti à l’islam en 2002, il est devenu une figure centrale de la propagande de l’organisation État islamique (EI). Il a notamment prêté sa voix à plusieurs revendications d’attentats sur le sol français, dont celui de Nice en 2016 et l’assassinat du couple de policiers à Magnanville.
adrien guihal

Arrêté en mai 2018 par les Forces démocratiques syriennes (FDS) à Raqqa, il est depuis détenu dans une prison du nord de la Syrie. Son avocat, Me Étienne Mangeot, mandaté par sa mère, demande son rapatriement en France afin qu’il soit jugé par la justice française.

Des conditions de détention jugées « inhumaines »

Adrien Guihal est actuellement retenu dans une prison de Derik, sous le contrôle des forces kurdes. Selon son avocat, il fait partie des 66 Français détenus dans des conditions extrêmement difficiles, exposés à des risques sanitaires et à une insécurité permanente.

Me Mangeot souligne que le maintien de ces prisonniers dans des camps syriens est contraire aux principes de l’État de droit et expose la France à des condamnations internationales.

Au-delà des conditions de détention, l’avocat met en avant un autre risque : à savoir que ces détenus puissent s’évader ou être libérés et rejoindre de nouveaux groupes djihadistes en Syrie ou ailleurs.

Le contexte actuel dans la région est encore instable, et l’État islamique conserve des cellules actives.

« Laisser ces hommes dans un tel environnement, c’est prendre le risque qu’ils réintègrent la lutte armée », avertit Me Mangeot. « Les savoir enfermés dans des prisons françaises sous contrôle judiciaire est une solution bien plus sûre pour notre pays. »

La demande de rapatriement d’Adrien Guihal a été refusée par le ministère des Affaires étrangères et rejetée en 2023 par le tribunal administratif, qui s’était déclaré incompétent. Aujourd’hui, c’est la cour administrative d’appel de Paris qui est saisie de l’affaire.

La France adopte une politique stricte concernant le rapatriement des combattants djihadistes, préférant qu’ils soient jugés sur place par les autorités locales. Toutefois, cette position est critiquée par plusieurs organisations internationales, dont la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH), qui a condamné la France en 2022 pour son refus de rapatrier certains ressortissants.

Entre 2022 et 2023, la France a procédé au rapatriement de 166 enfants et 57 femmes d’anciens membres de l’EI. Mais les hommes, eux, restent exclus de ces opérations.

Me Mangeot estime que cette position crée un vide juridique dangereux.

Nous sommes face à un paradoxe : nous défendons des valeurs de justice et d’État de droit, mais nous laissons certains de nos ressortissants à l’abandon, sans cadre légal clair.

La cour administrative d’appel de Paris rendra sa décision dans les semaines à venir. Celle-ci pourrait faire jurisprudence et influencer la politique française en matière de rapatriement des djihadistes détenus à l’étranger.

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