L’influenceur le Jarl condamné pour pratiques commerciales trompeuses

Yovan Delourme, plus connu sous le pseudonyme « Le Jarl », est une figure controversée des nuits rennaises. Responsable de la sécurité du 1988 Live Club, une boîte de nuit du centre-ville de Rennes, il s’est construit une notoriété en ligne grâce à ses vidéos « Brèves de videur », où il partage des anecdotes de son quotidien. Son surnom, qui signifie « chef de guerre » en scandinave, illustre l’image qu’il veut donner de lui-même : un homme d’ordre prônant la fermeté et la confrontation.
le jarl mma

Sur les réseaux sociaux, il se met régulièrement en scène en train de repousser des fêtards et revendique une approche musclée de la sécurité. Son contenu, très populaire auprès de certains, a aussi suscité de vives critiques, notamment pour son apologie de la violence comme mode de résolution des conflits. En 2022, il avait également fait parler de lui en politique, en se présentant comme suppléant d’un candidat Reconquête lors des élections législatives.

Une condamnation pour pratiques commerciales trompeuses

Le lundi 10 mars 2025, la cour d’appel de Rennes a confirmé la condamnation de Yovan Delourme pour pratiques commerciales trompeuses. Il se présentait comme coach de MMA, alors qu’il ne possédait pas les diplômes requis. Cette condamnation l’oblige à payer une amende de 5 000 euros et lui interdit d’exercer la profession de coach sportif pendant trois ans.

Mais ce n’est pas tout : il lui est également interdit de diriger, administrer, gérer ou contrôler une entreprise pour son propre compte ou celui d’autrui. Une décision qui porte un coup sévère à ses ambitions dans le milieu du coaching et de la sécurité.

Une free party qui dégénère en violences

Dans la nuit du 8 au 9 mars 2025, une free party non autorisée s’est tenue dans l’ancien cinéma Cinéville, désaffecté depuis 2019, à quelques mètres du 1988 Live Club. Cette fête, présentée comme un événement antifasciste ouvert et gratuit, a rassemblé plusieurs centaines de jeunes avant que les agents de sécurité de la boîte de nuit voisine ne décident d’intervenir.

Des vidéos, massivement partagées sur les réseaux sociaux, montrent des scènes de violences extrêmes : des personnes gazées à bout portant, des visages écrasés au sol, des courses-poursuites où l’on entend des cris comme « cours, fillette ». Ces actes, qui rappellent les pires bavures policières, n’ont pourtant pas été commis par les forces de l’ordre, mais par des agents de sécurité privés sous l’autorité de « Le Jarl ».

D’après plusieurs témoignages, les vigiles du 1988 Live Club ont bloqué une des entrées de la salle, empêchant l’évacuation de personnes qui s’étaient évanouies sous l’effet du gaz lacrymogène. Une intervention illégale selon plusieurs spécialistes de la sécurité privée, car ces agents n’avaient aucune autorisation d’agir hors de leur établissement.

Des réactions politiques et une enquête en cours

Face à l’ampleur des événements, la maire de Rennes, Nathalie Appéré, a condamné fermement ces agissements, rappelant que seul l’État est légitime pour assurer le maintien de l’ordre. De son côté, la députée de La France Insoumise Marie Mesmeur a saisi le procureur de la République, le Défenseur des droits et le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS).

Le CNAPS, placé sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, a annoncé un contrôle administratif du service de sécurité du 1988 Live Club. Si des infractions sont constatées, des sanctions pourraient être prises, allant jusqu’au retrait de l’agrément des agents impliqués.

« Le Jarl » continue de se justifier

Malgré les vidéos accablantes, Yovan Delourme rejette toute responsabilité. Il assure que ses agents n’ont fait qu’empêcher une escalade de la violence et affirme que ce sont les policiers qui ont utilisé du gaz lacrymogène à l’intérieur du bâtiment. Une version contestée par plusieurs témoins et par le syndicat étudiant Union Pirate, qui parle de « milice privée semant la terreur dans le quartier ».

Dans une interview accordée à Europe 1, radio du groupe Bolloré, Le Jarl a bénéficié de 30 minutes d’antenne sans contradiction pour exposer son point de vue. Il y a affirmé que les fêtards avaient attaqué son équipe en premier, une version qui ne semble corroborée par aucune vidéo circulant sur les réseaux sociaux.

Un cas emblématique du débat sur la sécurité privée

Ces événements posent une question plus large sur les dérives des sociétés de sécurité privée. L’intervention des agents de « Le Jarl » s’est déroulée en dehors du périmètre où ils sont autorisés à intervenir, ce qui pourrait être assimilé à une action illégale de type milice privée.

Plusieurs infractions ont également été relevées :

  • Utilisation illégale du gaz lacrymogène,
  • Absence de numéro d’identification sur les agents,
  • Confiscation de téléphones portables appartenant aux fêtards.

Des mesures pourraient être prises pour mieux encadrer le secteur et éviter ce genre de dérapages. L’affaire du 1988 Live Club et de « Le Jarl » risque donc d’avoir des répercussions bien au-delà de Rennes.

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