Un écrivain sous le coup d’une lourde condamnation
Arrêté le 16 novembre 2024 à son arrivée à l’aéroport d’Alger, Boualem Sansal a été incarcéré en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien, qui classe comme actes terroristes tout fait portant atteinte à la sûreté de l’État.
Ce sont ses déclarations faites à un média français qui ont déclenché cette poursuite judiciaire. L’écrivain aurait tenu des propos remettant en question les frontières actuelles de l’Algérie, des déclarations jugées subversives par les autorités algériennes.
Le parquet a requis une peine de 10 ans de prison et une amende d’un million de dinars algériens (environ 6 900 euros). Le verdict sera prononcé le 27 mars.
Un procès sous tension
Lors de l’audience, Boualem Sansal est apparu affaibli, mais en mesure de répondre aux questions du juge. Il s’est exprimé en français et a assuré sa défense seul, après avoir renvoyé tous ses avocats, y compris son conseil français François Zimeray.
Devant le tribunal, il a déclaré :
Je n’ai rien voulu faire contre mon pays, j’ai simplement exprimé une opinion.
Le procès, qui n’a duré qu’une trentaine de minutes, s’est déroulé sans possibilité pour lui de bénéficier d’un avocat indépendant.
Une arrestation dénoncée à l’international
Cette condamnation a provoqué une vague d’indignation au sein de la communauté intellectuelle et littéraire. Des écrivains et défenseurs des droits de l’homme dénoncent un procès politique visant à réduire au silence un intellectuel critique du pouvoir.
La France a également réagi. Emmanuel Macron, lors d’un discours officiel, a qualifié son incarcération de « honteuse » et a appelé à sa libération immédiate.
En Algérie, cette affaire s’inscrit dans un contexte de répression croissante des voix dissidentes. Ces dernières années, plusieurs journalistes et opposants politiques ont été arrêtés et condamnés sous des motifs similaires.
Un écrivain engagé et controversé
Connu pour ses prises de position critiques sur le pouvoir algérien, Boualem Sansal s’est souvent attiré les foudres des autorités. Ses romans, notamment « Le serment des barbares » et « 2084 : la fin du monde », dénoncent les dérives autoritaires et la montée de l’extrémisme en Algérie.
En 2024, il avait été naturalisé français, un choix qui avait renforcé les tensions entre lui et le régime algérien.
Son état de santé suscite de nombreuses inquiétudes. Souffrant d’un cancer, Boualem Sansal a été hospitalisé à plusieurs reprises durant sa détention. Son entourage craint que cette peine ne mette gravement en danger sa vie.
Son avocat français a annoncé avoir saisi l’ONU et la Cour européenne des droits de l’homme pour dénoncer une détention arbitraire.
Mais à ce stade, aucune issue favorable ne semble en vue, et l’écrivain risque de passer la prochaine décennie derrière les barreaux.
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