Mehdi Nemmouche condamné à la prison à perpétuité

Le verdict est tombé : Mehdi Nemmouche a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 22 ans, par la cour d’assises spéciale de Paris. Cet homme de 39 ans, déjà condamné en Belgique pour l’attentat du musée juif de Bruxelles en 2014, vient d’être reconnu coupable d’avoir séquestré, torturé et brutalisé plusieurs otages occidentaux au nom de l’État islamique.
mehdi nemmouche

Des accusations lourdes et des preuves accablantes

Au centre du procès : le rôle de Mehdi Nemmouche dans la détention de journalistes et humanitaires européens entre 2013 et 2014, dans les prisons de l’organisation Daech, en Syrie. Parmi les victimes identifiées figurent les journalistes français Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torres, détenus pendant près d’un an avant leur libération en avril 2014.

Ces ex-otages ont formellement identifié Nemmouche, par sa voix, son comportement et ses propos, décrivant un homme violent, sadique, instable et omniprésent dans leur quotidien de captivité.

Dès le premier jour du procès, Mehdi Nemmouche a nié toute implication, affirmant n’avoir jamais été geôlier mais simplement combattant sur le front syrien contre le régime de Bachar al-Assad. Une version contredite non seulement par les témoignages des ex-otages, mais aussi par des éléments matériels, comme des enregistrements audio et des correspondances interceptées.

À plusieurs reprises, il a choqué l’audience avec ses déclarations. Quelques heures avant le verdict, il a lancé :

Oui, j’ai été un terroriste. Je ne m’en excuserai jamais. Je ne regrette pas un jour, pas une heure, pas un acte.

Des mots glaçants, reçus sans réaction par la cour.

Un profil déjà connu des services de renseignement

Natif de Roubaix, Mehdi Nemmouche n’en est pas à sa première condamnation. En 2019, la justice belge l’avait déjà reconnu coupable de l’attaque du musée juif de Bruxelles, où quatre personnes avaient été tuées. Il était alors décrit comme l’un des premiers djihadistes français à revenir de Syrie pour frapper en Europe.

Son passage dans les rangs de l’EI, son implication directe dans l’appareil de propagande et dans la gestion des prisonniers occidentaux, avaient fait de lui une cible prioritaire pour les services antiterroristes français.

Un procès symbolique pour les victimes et la justice

Durant les cinq semaines d’audience, les témoignages des anciens otages ont été particulièrement poignants. Didier François a parlé d’un homme qui savait ce qu’il faisait, qui prenait plaisir à dominer, et dont les mots résonnaient encore dans sa mémoire, presque dix ans après les faits.

Nicolas Hénin, de son côté, a souligné le besoin de combattre la mémoire et l’image que Nemmouche tente de construire. Pour lui, ce procès était aussi une bataille contre l’idéologie violente et manipulatrice de l’EI.

Mehdi Nemmouche n’était pas seul dans cette affaire. Abdelmalek Tanem, un autre djihadiste français, a écopé de 22 ans de réclusion criminelle, avec une période de sûreté de deux tiers. Même s’il n’a pas été reconnu par les otages, la cour a jugé qu’il avait bien participé aux séquestrations.

Parmi les autres personnes citées dans le dossier, plusieurs sont aujourd’hui présumées mortes, comme Oussama Atar, cerveau des attentats du 13-Novembre, et Salim Benghalem, ancien cadre des services de sécurité de l’EI.

Les récits entendus au procès ont levé le voile sur l’horreur des prisons de l’EI. Tortures quotidiennes, humiliations, menaces d’exécution, privations de nourriture, isolement prolongé. Les conditions de détention décrites sont à la limite de l’inhumain.

Plusieurs des otages occidentaux de cette période ont été exécutés et filmés, dans des vidéos de propagande qui ont fait le tour du monde. Ceux qui ont survécu portent à vie les séquelles physiques et psychologiques de ce qu’ils ont vécu.

À l’annonce du verdict, les anciens otages ont salué une décision juste, même si certains ont rappelé qu’aucune peine ne pourra réparer ce qu’ils ont subi. Le journaliste Nicolas Hénin a pris la parole pour rappeler que 95 % des victimes de l’EI étaient des Syriens musulmans, et que les crimes de Nemmouche ne peuvent pas être effacés ou relativisés.

Pour Didier François, le procès a aussi permis de donner une voix aux Syriens victimes de la double oppression de Bachar al-Assad et de l’État islamique.

Un accusé qui assume tout, sans regret

Mehdi Nemmouche n’a exprimé aucun remords. Il a revendiqué son passé terroriste, niant seulement le rôle précis qui lui est reproché. Dans ses derniers mots, il s’est même lancé dans une diatribe politique, affirmant que Daech était « un petit joueur » comparé à l’Occident.

Son comportement et ses déclarations n’ont fait que renforcer le sentiment d’impunité et de provocation qui entourait déjà sa personnalité. Son avocat, Francis Vuillemin, a tenté de plaider le doute, l’erreur d’identification, et même la manipulation des souvenirs. En vain.

Avec cette nouvelle condamnation, la justice française affirme sa volonté de ne laisser aucun espace aux auteurs de crimes terroristes. La période de sûreté de 22 ans garantit que Mehdi Nemmouche ne pourra pas sortir avant au minimum ses 61 ans, sauf circonstances exceptionnelles.

Pour les familles des victimes, ce verdict représente un pas important. Pas vers l’oubli, mais vers la reconnaissance.

Lire aussi : la Syrie de Bachar al-Assad était un narco-Etat

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