Cette augmentation inquiète particulièrement les professionnels de santé, car les infections à méningocoques sont rapides, agressives et potentiellement mortelles, même sous traitement. Les souches en cause, notamment le méningocoque B et les souches ACWY, touchent de plus en plus de jeunes adultes et d’adolescents.
Pourquoi les 15-24 ans sont ciblés ?
Les jeunes entre 15 et 24 ans sont aujourd’hui les plus exposés, en particulier dans des contextes de vie en collectivité comme les lycées, les universités ou les résidences étudiantes. Les autorités de santé observent un nombre important de contaminations dans cette tranche d’âge, souvent asymptomatique au début, mais avec un potentiel de transmission élevé.
Cette population est aussi moins bien vaccinée, car les calendriers vaccinaux n’ont longtemps ciblé que les nourrissons et les enfants de moins de deux ans. Le retour à une vie normale post-Covid, avec les soirées, les festivals et les séjours à l’étranger, a contribué à réactiver la circulation du méningocoque dans cette catégorie de la population.
Face à l’urgence, le ministère de la Santé prévoit une grande campagne de vaccination pour les 15-24 ans à l’échelle nationale, d’ici l’été 2025. Cette mesure s’inscrit dans la continuité d’une opération déjà en cours dans la région de Rennes, où 100 000 jeunes sont concernés après plusieurs cas graves, dont un décès en février.
L’objectif est clair : freiner la propagation du méningocoque B, le plus courant, mais aussi prévenir d’autres souches comme le W, particulièrement virulent. Le vaccin recommandé est dit tétravalent, protégeant contre les souches A, C, W et Y, et peut être combiné à celui contre la souche B si nécessaire.
La méningite, une maladie à ne pas sous-estimer
La méningite est une inflammation des membranes entourant le cerveau et la moelle épinière. Lorsqu’elle est causée par une bactérie comme le méningocoque, elle peut évoluer très rapidement. En l’absence de traitement immédiat, le taux de mortalité peut atteindre 20 %, et une personne sur cinq peut garder des séquelles lourdes : perte de l’audition, troubles cognitifs, amputations…
La plupart des symptômes apparaissent en quelques heures : fièvre soudaine, raideur de la nuque, vomissements, maux de tête intenses. Chez les jeunes, ces signaux peuvent parfois être confondus avec une simple grippe, ce qui retarde souvent la prise en charge.
Depuis janvier 2025, la vaccination contre les souches ACWY est obligatoire pour les nourrissons, avec une première dose à 6 mois et un rappel à 12 mois. La vaccination contre le méningocoque B est également devenue obligatoire jusqu’à l’âge de deux ans.
Mais la Haute Autorité de santé (HAS) estime que ces mesures sont insuffisantes. Elle recommande désormais un élargissement de la vaccination à tous les jeunes de moins de trois ans, avec des rattrapages jusqu’à cinq ans pour les enfants non encore vaccinés.
Pour les adolescents, la HAS préconise fortement la vaccination des 11-14 ans, et invite désormais les 15-24 ans à se faire vacciner sur la base du volontariat, tout en souhaitant que le vaccin soit remboursé intégralement.
Des précédents inquiétants
En 2024, la France avait déjà connu une hausse record des cas de méningite, avec 615 infections déclarées, du jamais-vu depuis plus de dix ans. Certaines villes, comme Montpellier ou Rennes, ont été particulièrement touchées. Plusieurs décès y ont été recensés, parfois en moins de 48 heures après l’apparition des premiers symptômes.
L’après-Covid a aussi joué un rôle : la baisse des contacts pendant les confinements a réduit l’immunité collective. Depuis le retour à la normale, les infections ont connu un fort rebond, notamment chez les jeunes adultes.
Ce qu’il faut savoir si tu as entre 15 et 24 ans
Si tu es dans cette tranche d’âge, tu es directement concerné par cette future campagne. Tu pourras recevoir gratuitement les vaccins recommandés dans les centres de vaccination, dans certains établissements scolaires, ou chez ton médecin traitant. Il est aussi possible que des campagnes soient mises en place dans les universités et écoles supérieures, comme cela se fait déjà dans certains départements.
Tu n’as pas besoin d’attendre l’été pour te protéger. Si tu ne sais pas si tu as été vacciné, tu peux vérifier ton carnet de santé ou demander à ton médecin. Le vaccin reste le seul moyen de prévenir efficacement les formes graves de méningite, et il est bien toléré.
En cas de symptômes inhabituels après un contact avec une personne contaminée, consulte immédiatement un professionnel de santé. La rapidité du diagnostic est cruciale pour éviter les complications.
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