Les faits reprochés se seraient déroulés entre décembre 2015 et août 2016, dans plusieurs lieux : à Mulhouse, à Riedisheim, mais aussi à l’étranger, notamment en Thaïlande, à Tenerife et dans la Sierra Nevada. Le parquet indique que Yannick Agnel aurait reconnu une partie des faits lors de sa garde à vue en décembre 2021, tout en affirmant qu’il s’agissait d’une relation consentie.
La plaignante, Naomé Horter, fille de Lionel Horter (ancien entraîneur du nageur), a porté plainte à l’été 2021. L’enquête a ensuite abouti à la mise en examen de Yannick Agnel pour viol sur mineure de moins de 15 ans et agression sexuelle. Aujourd’hui âgée de 23 ans, la jeune femme accuse l’ancien nageur d’avoir profité de sa notoriété et de son emprise psychologique à l’époque.
Un dossier complexe devant la cour criminelle
La justice a estimé que les éléments réunis suffisaient pour renvoyer Agnel devant une cour criminelle départementale. Il reste présumé innocent, comme le rappelle le procureur de Mulhouse, et conserve la possibilité de faire appel de cette décision. En attendant, il est toujours sous contrôle judiciaire.
L’ordonnance de renvoi détaille des faits survenus à la fois dans un cadre familial (au domicile de l’entraîneur) et dans des contextes de stages sportifs à l’étranger. Cette proximité, combinée à l’écart d’âge (24 ans pour lui, 13 pour elle), est un élément central de l’accusation, qui parle de contrainte morale liée à l’ascendant du nageur sur la jeune fille.
Connu pour ses performances lors des Jeux olympiques de Londres en 2012, où il avait remporté l’or sur le 200 m nage libre et le relais 4×100 m, Yannick Agnel avait mis un terme à sa carrière en 2016. Il reste aujourd’hui l’un des athlètes français les plus titrés en natation, mais cette affaire judiciaire entache durablement son image publique.
Des réactions discrètes dans le milieu sportif
En juillet 2024, Agnel a demandé à être confronté à son accusatrice. Cette confrontation s’est tenue dans le bureau du juge d’instruction, mais aucune déclaration n’a été faite à la sortie ni par les avocats, ni par les parties. La Fédération française de natation, informée dès le dépôt de plainte, s’est constituée partie civile.
Peu de personnalités du sport se sont exprimées publiquement depuis l’annonce du procès. Certains soulignent le besoin de respecter la présomption d’innocence, d’autres appellent à soutenir la parole des victimes dans les milieux sportifs encore très fermés sur ces sujets.
Ce dossier remet sur la table des questions complexes autour de l’autorité, du consentement et de la maturité. La justice devra trancher sur la nature exacte des rapports entre l’adolescente et l’ex-nageur, dans un contexte où l’inégalité des statuts et des âges est considérée comme centrale.