Le procès, qui se déroule devant la cour fédérale de Manhattan, secoue l’industrie musicale américaine. P. Diddy risque la prison à vie pour des faits impliquant plusieurs victimes, mais c’est le récit de Cassie qui a ouvert une brèche. Derrière les paillettes et les feux des projecteurs, elle décrit un quotidien sous domination.
Les freak offs : des orgies sous contrainte
Au cœur du dossier, on retrouve les “freak offs”, des soirées sexuelles orchestrées par P. Diddy, souvent filmées sans consentement. Cassie affirme y avoir été forcée à participer, souvent droguée avec du Xanax, du Valium, voire du GHB. Ces soirées pouvaient durer plusieurs jours, et impliquaient des escorts masculins, rémunérés en cash.
Selon ses dires, le producteur utilisait les vidéos tournées durant ces événements pour faire pression sur elle et l’empêcher de fuir. « Il me montrait les vidéos sur son téléphone pour me rappeler que je ne pourrais jamais partir », a-t-elle déclaré à la barre.
Des violences psychologiques et physiques constantes
Le témoignage de Cassie ne s’arrête pas aux soirées. Elle décrit un homme jaloux, possessif et violent, qui envoyait ses gardes du corps la récupérer lorsqu’elle tentait de s’éloigner. Elle évoque aussi une scène glaçante survenue en 2018 : après un dîner à Malibu, alors qu’elle voulait lui dire adieu, Diddy l’aurait violée sur le sol de son salon.
« Il avait les yeux noirs, comme s’il n’était plus lui-même », a-t-elle raconté. Ce jour-là, il aurait quitté les lieux après l’agression, comme si de rien n’était. Un moment clé de son récit, qui marque un tournant dans la relation, mais aussi dans l’instruction du procès.
Le poids du silence et de la honte
Malgré ces violences, Cassie a expliqué être retournée plusieurs fois auprès de P. Diddy. « Nous avions partagé dix ans de vie. Je n’étais pas prête à tout perdre. » Une réponse qui pourrait être utilisée par la défense, qui tente de faire passer cette relation pour toxique mais consentie.
Mais Cassie insiste : elle souffrait d’un syndrome de stress post-traumatique. Sous emprise, elle avait perdu tout repère. À plusieurs reprises, elle a envisagé de mettre fin à ses jours. Lors d’un tournage, en 2023, elle a eu un violent flashback qui l’a poussée à vouloir se jeter sous une voiture. « Je ne pouvais plus supporter cette douleur », a-t-elle confié, en sanglots.
Une plainte suivie d’un accord à 20 millions de dollars
En novembre 2023, Cassie avait déposé plainte à New York, détaillant dans un dossier de plusieurs pages toutes les formes d’abus qu’elle dit avoir subis. La plainte n’a tenu que 24 heures. Elle a été retirée après un accord financier de 20 millions de dollars. Pourtant, ce règlement n’a rien effacé pour elle. « Je voulais qu’il lise ce que j’avais écrit », a-t-elle expliqué à propos d’un manuscrit qu’elle avait rédigé avec l’aide de sa mère.
Ce document devait faire office de confrontation silencieuse. Mais selon elle, l’équipe de Diddy n’y a pas prêté attention. « Son assistante m’a dit qu’il n’avait pas pris ça au sérieux. »
Une audience suivie de près
Le contre-interrogatoire de Cassie est prévu pour les prochains jours. La défense de P. Diddy tente de démontrer que les actes évoqués étaient consentis, s’appuyant sur des messages, des vidéos et des témoignages contradictoires. Elle soutient que Cassie était jalouse, consommait beaucoup de drogues et aurait elle-même organisé certains freak offs.
Mais les procureurs, eux, insistent : ce procès n’est pas celui de Cassie, mais bien celui d’un homme accusé d’avoir utilisé sa puissance pour détruire des vies. Plusieurs autres femmes ont d’ailleurs déposé plainte, encouragées par la prise de parole de la chanteuse. Une enquête fédérale est en cours.
Une affaire qui secoue l’industrie musicale
Icône du hip-hop depuis les années 90, P. Diddy est aujourd’hui rattrapé par un passé trouble. Longtemps intouchable, il voit désormais son image s’effondrer. Derrière la réussite, les jets privés et les soirées mondaines, se cache une autre réalité : celle d’un système de contrôle, d’abus et de peur.
Avec ce procès, c’est tout un monde qui vacille. Et si le verdict est encore à venir, une chose est sûre : le silence autour de Diddy est brisé.
