Pourquoi le syndrome des ovaires polykystiques reste une énigme médicale ?

Le syndrome des ovaires polykystiques, ou SOPK, est un trouble hormonal qui concerne entre 1 femme sur 10 et jusqu’à 20 % des femmes en âge de procréer. Il se manifeste de différentes façons : règles irrégulières, acné, excès de pilosité, prise de poids ou encore infertilité.
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Ce syndrome est pourtant encore mal diagnostiqué, souvent confondu avec d’autres troubles, et largement sous-estimé dans sa gravité. Il peut impacter profondément la qualité de vie et la santé mentale des patientes.

Comprendre les causes du SOPK

Le SOPK résulte d’un déséquilibre hormonal. Il y a une production excessive d’androgènes (hormones mâles), principalement de la testostérone, ce qui perturbe le développement normal des follicules ovariens. Les ovaires restent remplis de follicules immatures, et l’ovulation devient irrégulière voire absente.

Le dérèglement est souvent d’origine multiple : il peut venir des ovaires eux-mêmes, mais aussi du cerveau (axe hypothalamo-hypophysaire), ou encore être lié à une résistance à l’insuline qui favorise la sécrétion d’androgènes.

Un diagnostic encore trop tardif

Pour être diagnostiqué, le SOPK doit répondre à au moins deux des trois critères suivants :

  • Des troubles du cycle menstruel (règles irrégulières ou absentes)
  • Des signes d’hyperandrogénie (acné, chute de cheveux, pilosité excessive)
  • Un aspect polykystique des ovaires à l’échographie

Malgré cela, de nombreuses femmes passent des années sans diagnostic. Certaines consultent pour une perte de cheveux, d’autres pour une difficulté à tomber enceinte, sans que le lien avec le SOPK soit fait.

Des symptômes multiples et variables

Le syndrome se manifeste de manière différente selon les femmes. Certaines auront des symptômes très visibles dès l’adolescence, d’autres ne se rendront compte de leur SOPK que plus tard, souvent lors d’un projet de grossesse.

Les signes les plus fréquents

  • Règles irrégulières ou absentes
  • Acné persistante, notamment au niveau du bas du visage
  • Pilosité excessive sur des zones inhabituelles (menton, poitrine, ventre)
  • Chute de cheveux par plaques (alopécie androgénétique)
  • Prise de poids inexpliquée, souvent localisée au ventre

Des impacts sur la fertilité

Chez de nombreuses femmes, le SOPK est la principale cause d’infertilité. En effet, l’absence d’ovulation rend les chances de concevoir plus faibles. Heureusement, des traitements existent pour stimuler l’ovulation.

Des conséquences psychologiques bien réelles

Le SOPK ne touche pas seulement le corps. Il a souvent un impact profond sur la santé mentale : baisse d’estime de soi, anxiété, voire dépression. L’errance médicale, les douleurs invisibles, les remarques sur le corps ou l’apparence renforcent ce mal-être.

Beaucoup de patientes se sentent incomprises, même par les professionnels de santé. Trouver un médecin compétent et à l’écoute peut relever du parcours du combattant.

Un traitement qui reste symptomatique

Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif du SOPK. La prise en charge repose sur les symptômes et les objectifs de la patiente (amélioration des cycles, réduction de la pilosité, projet bébé, etc.).

Les solutions les plus courantes

  • Pilule contraceptive pour réguler les cycles et réduire l’hyperandrogénie
  • Traitements anti-androgènes en cas de pilosité ou d’acné importante
  • Stimulation de l’ovulation si projet de grossesse
  • Accompagnement psychologique pour les troubles de l’humeur
  • Prise en charge nutritionnelle et activité physique pour améliorer l’insulinorésistance

Une origine multifactorielle encore mal cernée

Les causes du SOPK ne sont pas encore totalement élucidées. Des facteurs génétiques, hormonaux et environnementaux sont probablement impliqués. Des études évoquent également un rôle possible de l’exposition in utero à certaines hormones ou à des perturbateurs endocriniens.

Le rôle de la protéine NCOR1

Des recherches récentes ont mis en évidence une surrégulation de la protéine NCOR1 dans les ovaires de certaines femmes atteintes. Cette protéine bloque l’action de l’œstradiol, hormone clé de l’ovulation, ce qui empêcherait la sélection naturelle d’un follicule dominant. Résultat : pas d’ovulation.

Quatre phénotypes différents

Le diagnostic de SOPK repose sur trois critères, mais toutes les femmes ne les présentent pas tous. Il existe donc plusieurs formes de SOPK, selon les combinaisons de symptômes. Ces différents phénotypes n’évoluent pas forcément de la même manière, et pourraient nécessiter des traitements différents à l’avenir.

Les enjeux de la recherche actuelle

Les scientifiques cherchent encore à comprendre les mécanismes de la maladie pour développer un traitement global. Ils explorent notamment l’impact du SOPK sur le cerveau, les causes épigénétiques, le rôle du microbiote ou encore le lien avec les troubles métaboliques.

Des essais sont en cours sur des antagonistes de la GnRH ou sur des approches ciblant la protéine NCOR1. Le but est de corriger le problème à la source plutôt que de simplement en masquer les effets.

Une pathologie encore trop invisible

Malgré sa fréquence, le SOPK reste peu connu du grand public et souvent mal pris en charge. Beaucoup de jeunes femmes ignorent qu’un déséquilibre hormonal peut être à l’origine de leurs symptômes. D’autres mettent des années à obtenir un diagnostic clair.

Il est urgent de mieux informer les professionnels de santé comme les patientes, et de briser les tabous autour des règles, de la pilosité ou de la fertilité.

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