Le sens caché des émojis

Les émojis sont devenus un langage à part entière. Sur TikTok, Instagram ou Snapchat, ils illustrent les émotions, rendent les messages plus fun, mais certains cachent des significations bien plus sombres. Entre codes secrets, messages violents ou sexuellement explicites, ce langage visuel peut être dangereux, surtout pour les plus jeunes.
Sens caché des emojis

Des symboles en apparence inoffensifs

Parmi les plus fréquemment détournés : l’émoji pizza (🍕). Derrière cette apparente banalité se cache une référence à la pédopornographie : « cheesy pizza » donne les initiales CP, les mêmes que « child porn ». Cet usage provient de forums comme 4chan et se répand dans certaines communautés criminelles.

Le duo pilule rouge (💊) et pilule bleue fait référence à Matrix. Mais sur les réseaux, surtout chez les masculinistes ou les théoriciens du complot, la pilule rouge symbolise le « réveil » face à un soi-disant mensonge féministe. Le mouvement « Red Pill » s’en sert pour revendiquer des idées antiféministes.

Les codes autour des relations et du sexe

Certains émojis ont pris une signification bien plus directe. L’aubergine (🍆) représente souvent un pénis, tandis que la pêche (🍑) désigne les fesses. Ce genre de symboles est largement utilisé dans les conversations flirty ou sur les apps de rencontres.

Les couleurs du cœur et leur symbolique

  • Coeur rouge (❤️) : amour passionnel
  • Coeur violet (💜) : attirance sexuelle
  • Coeur rose (💗) : relation affective mais sans sexe
  • Coeur jaune (💛) : amitié ou intérêt prudent
  • Coeur orange (🧡) : zone de confort ou de confiance

Ces nuances permettent de transmettre un message clair… pour ceux qui connaissent le code.

Des liens avec la drogue et les trafics

Le langage des émojis est aussi utilisé dans les transactions illégales. Quelques exemples :

  • Feuille d’érable (🍁) : cannabis
  • Flocon de neige (❄️) : cocaïne
  • Cheval (🐎) : kétamine
  • Ballon (🎈) : protoxyde d’azote

Ces symboles permettent de parler drogue sans être repéré par les algorithmes des plateformes.

Quand les émojis deviennent des armes de harcèlement

Dans les cas de cyberharcèlement, les émojis sont détournés pour insulter ou exclure. Par exemple :

  • Clown (🤡) : se moquer de quelqu’un perçu comme ridicule
  • Maïs (🌽) : contenu pornographique
  • Rond violet (🟣) : allusion à une agression sexuelle
  • Dragon (🐉) : parfois utilisé dans un contexte antisémite

La majorité des adultes pense comprendre les messages envoyés par les jeunes. Mais en réalité, très peu d’entre eux arrivent à décoder correctement le sens réel des émojis. Ce fossé de compréhension complique la détection des situations de cyberharcèlement.

Un besoin urgent de sensibilisation

Des associations comme e-Enfance sillonnent la France pour faire de la prévention dans les écoles. Leur objectif : aider les jeunes à identifier les dangers, mais aussi à interpréter les échanges en ligne. Les parents sont également invités à dialoguer avec leurs enfants pour comprendre ce qu’ils partagent et reçoivent sur les réseaux sociaux.

Pour Samuel Comblez, directeur de l’association e-Enfance, l’essentiel est d’écouter les jeunes, d’analyser les messages sans être dans le jugement, et de poser les bonnes questions :

Est-ce qu’un singe 🐒 parle d’un animal ou d’autre chose ? Est-ce qu’il y a un sens caché ?

Les outils de signalement comme Pharos permettent d’agir rapidement. Tout contenu suspect peut y être signalé. Avec plus de 160 000 appels par an au 3018, le numéro national contre les violences numériques, le besoin de vigilance est plus que jamais d’actualité.

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