Un décret contre un mouvement antifasciste
La Jeune Garde a été visée par un décret de dissolution après plusieurs semaines de procédure contradictoire. Le ministère de l’Intérieur l’accuse de provoquer des actes violents, même si les faits reprochés restent flous pour une partie de l’opinion.
Des motivations jugées politiques
Bruno Retailleau affirme vouloir « ne rien laisser passer » face aux violences, quelle que soit leur origine idéologique. Mais pour ses détracteurs, cette décision serait politiquement motivée. Le timing pose question : des groupuscules d’ultradroite ont aussi été dissous, comme Lyon Populaire, mais le traitement médiatique et politique semble asymétrique.
Raphaël Arnault en première ligne
Le fondateur de la Jeune Garde, Raphaël Arnault, aujourd’hui député LFI, conteste cette dissolution. Il annonce un recours devant le Conseil d’État et parle d’un « tournant autoritaire ». Il rappelle que son collectif a agi pour fermer des locaux néonazis et mener des actions de terrain contre l’extrême droite.
Une décision aux conséquences multiples
Cette dissolution ne passe pas inaperçue dans un contexte de tensions sociales et politiques. Des manifestations ont déjà eu lieu à Paris et dans plusieurs grandes villes. Des figures de la gauche comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Tondelier dénoncent une tentative de criminaliser l’antifascisme.
Pour des ONG comme Amnesty International, cette mesure pose un problème plus large : la liberté d’association. Dissoudre un collectif militant, même controversé, c’est potentiellement ouvrir la porte à des abus d’État, surtout dans un climat politique instable.
Des dissolutions similaires ont déjà été cassées par le Conseil d’État. Le cas des Soulèvements de la Terre en 2023 avait marqué les esprits : le juge administratif avait rappelé l’importance de la proportionnalité et de la preuve. La Jeune Garde pourrait bien suivre le même chemin judiciaire.
Une décision qui cristallise les oppositions
Bruno Retailleau s’inscrit dans une stratégie de fermeté sécuritaire qui plaît à l’électorat de droite. Mais la dissolution de la Jeune Garde, en pleine montée des violences d’ultradroite, donne l’impression d’un « deux poids, deux mesures ». Ce choix est donc autant juridique que symbolique.
Et maintenant ?
Le recours devant le Conseil d’État pourrait bloquer l’exécution définitive du décret. En attendant, la Jeune Garde reste interdite d’agir en tant que structure organisée. Mais ses membres, comme souvent dans ce genre de situation, pourraient se réorganiser sous une autre forme, rendant la dissolution partiellement symbolique.