L’exclusion de Nour Attalah à Sciences Po Lille secoue la diplomatie française

Accueillie en France dans le cadre d’un programme humanitaire, Nour Attalah, étudiante gazaouie, a vu son inscription à Sciences Po Lille annulée après la découverte de contenus en ligne jugés antisémites et faisant l’apologie de crimes contre l’humanité. Cette affaire soulève des interrogations sur les failles du dispositif diplomatique et provoque de vives réactions politiques.
nour attallah

Des publications polémiques à l’origine de la décision

Tout a commencé par la diffusion, sur les réseaux sociaux, de captures d’écran attribuées à Nour Attalah, relayant des messages inquiétants. Parmi eux, des propos jugés antisémites, des appels à la violence, ainsi que la glorification d’Adolf Hitler. Ces contenus ont rapidement déclenché une vague d’indignation.

L’un des messages les plus marquants, publié peu après les attaques du 7 octobre 2024, appelait à filmer en haute qualité les exécutions d’otages et à les diffuser dans les médias occidentaux. D’autres publications, antérieures, faisaient référence à Hitler en des termes laudateurs, tout en appelant à « tuer les Juifs partout ».

Face à l’ampleur du scandale, la direction de Sciences Po Lille a annoncé officiellement sur X :

« Après concertation avec le ministère de l’Enseignement supérieur, le Rectorat et la Préfecture, la direction de Sciences Po Lille a décidé d’annuler l’inscription prévue de cette étudiante. »

L’établissement a justifié sa décision par le fait que ces contenus étaient en totale contradiction avec ses valeurs et son engagement contre toutes les formes de discrimination et de haine.

Un accueil diplomatique remis en question

Nour Attalah avait intégré l’école grâce à un programme piloté par la diplomatie française. Elle faisait partie d’un groupe de Gazaouis exfiltrés début 2025 avec le soutien du Quai d’Orsay. À son arrivée, elle avait été logée provisoirement dans un appartement mis à disposition par le directeur de Sciences Po Lille.

L’établissement a précisé que sa venue avait été proposée par le consulat général de France à Jérusalem, ce qui pose aujourd’hui la question du filtrage et de la vérification des profils avant intégration dans des établissements publics.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a exprimé sa vive inquiétude face à ce qu’il qualifie de dysfonctionnement :

« Les criblages effectués par les services compétents n’ont manifestement pas fonctionné. Une enquête interne est lancée pour éviter toute récidive. »

Cette réaction montre que l’affaire dépasse le simple cadre universitaire. Elle met en lumière les limites actuelles des procédures de sécurité autour de l’accueil d’étudiants étrangers dans des contextes sensibles.

Des réactions politiques virulentes

Plusieurs responsables politiques ont pris la parole, à commencer par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui a rapidement exigé la fermeture du compte de l’étudiante et une saisine du parquet. Pour lui, « les propagandistes du Hamas n’ont rien à faire en France ».

De son côté, la Première ministre Élisabeth Borne a confirmé un signalement au procureur en application de l’article 40 du code de procédure pénale. Elle a rappelé l’engagement du gouvernement à lutter contre toute forme d’antisémitisme dans les établissements d’enseignement supérieur.

Le député RN Matthias Renault a demandé publiquement que Nour Attalah soit déchue de son statut de réfugiée et expulsée de France. Il estime que ses propos constituent une menace pour la sécurité publique. Le gouvernement ne s’est pas encore prononcé officiellement sur une éventuelle mesure d’éloignement.

Une affaire qui ébranle l’image des grandes écoles

Sciences Po Lille, comme les autres IEP, se veut un lieu de formation à la citoyenneté, aux droits humains et à la démocratie. L’affaire Attalah soulève donc une question plus large : comment concilier ouverture internationale et sécurité dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes ?

Au-delà du cas individuel, cette situation met en lumière la complexité de l’accueil des réfugiés dans les institutions d’élite, surtout lorsque l’intégration se fait dans un climat d’urgence humanitaire. La vigilance semble désormais de mise.

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