Un record confirmé en 2025
En 2024, 5 721 garçons ont reçu le prénom Muhammad, soit une hausse de 23 % par rapport à l’année précédente. Cette orthographe dépasse des prénoms très populaires comme Noah et Oliver, respectivement deuxième et troisième du classement. Ce trio de tête reste inchangé depuis 2023, montrant une stabilité en haut du palmarès.
Si l’on regroupe toutes les variantes du prénom — Mohammed, Mohammad, Muhammed — il est en réalité le plus fréquent au Royaume-Uni depuis plus d’une décennie. Mais c’est la première fois que la version « Muhammad » s’impose aussi nettement deux années de suite.
Les origines du prénom
D’origine arabe, Muhammad signifie « celui qui est digne de louanges ». Il vient du verbe « hamada » qui signifie « louer » ou « faire l’éloge ». Ce prénom est porté par le prophète de l’islam, ce qui lui confère une importance religieuse majeure dans de nombreuses familles musulmanes à travers le monde.
Les raisons de sa popularité
- Croissance démographique des communautés musulmanes au Royaume-Uni, notamment dans les grandes villes comme Londres, Birmingham et Manchester.
- Influence de personnalités médiatiques comme le coureur Mo Farah, le footballeur Mohamed Salah ou la légende de la boxe Muhammad Ali.
- Transmission intergénérationnelle d’un prénom porteur de valeurs culturelles et religieuses fortes.
Les tendances côté filles
Chez les filles, Olivia garde la première place pour la quatrième année consécutive, suivie d’Amelia. La troisième place, autrefois occupée par Isla, revient désormais à Lily. Olivia figure dans le top 3 depuis 2006, ce qui en fait un prénom féminin emblématique au Royaume-Uni.
Parmi les prénoms féminins, May connaît la plus forte progression en 2024, gagnant 14 places. Bonnie suit avec une hausse de 10 rangs. Ces évolutions montrent un retour en force des prénoms courts et à consonance douce.
Les prénoms en perte de vitesse
Les données de l’ONS révèlent également une baisse notable des prénoms royaux. Par exemple :
- William recule à la 27ᵉ place
- Harry (Henry) occupe la 14ᵉ position, tandis que « Harry » seul tombe à la 20ᵉ place
- Le prénom Meghan, après un pic en 2017, ne compte plus que 17 utilisations en 2024
Une ouverture culturelle dans le choix des prénoms
Il y a vingt ans, les prénoms les plus donnés au Royaume-Uni étaient majoritairement d’origine anglaise, hébraïque ou latine — comme Jack, Joshua, Daniel, Emily ou Jessica. Aujourd’hui, la liste s’est élargie avec des influences italiennes, arabes, nordiques et hispano-écossaises.
Exemples de diversité culturelle
- Isla : d’origine écossaise et espagnole
- Luca : prénom italien masculin très en vogue
- Freya : issu de la mythologie nordique
Selon des spécialistes du langage, cette ouverture est liée à l’exposition accrue aux cultures étrangères, grâce aux réseaux sociaux, aux séries, aux films et aux échanges internationaux. Les parents cherchent des prénoms originaux mais accessibles, qui évoquent modernité et singularité.
Les nouvelles entrées et disparitions
Certains prénoms rares continuent de faire leur apparition, tandis que d’autres disparaissent presque complètement. En 2024 :
- Moins de cinq garçons ont reçu les prénoms Cuthbert, Crispin ou même Awesome.
- Chez les filles, des prénoms comme Orchid, Poem ou Everest n’ont été donnés que quelques fois.
Un phénomène qui dépasse le Royaume-Uni
Cette tendance à l’internationalisation des prénoms ne se limite pas à l’Angleterre et au Pays de Galles. Aux États-Unis, par exemple, Liam et Olivia dominent les classements depuis plusieurs années. Noah reste également en haut de l’affiche, confirmant sa popularité des deux côtés de l’Atlantique.
Classement américain 2024
| Garçons | Filles |
|---|---|
| Liam | Olivia |
| Noah | Emma |
| Oliver | Amelia |
| Theodore | Charlotte |
| James | Mia |
Un symbole socioculturel fort
La montée en puissance de Muhammad traduit un changement profond dans la composition démographique et les références culturelles des familles britanniques. Au-delà des chiffres, il s’agit d’un reflet direct de la société : plus cosmopolite, plus connectée et plus ouverte aux traditions venues d’ailleurs.
« Les prénoms ne sont pas qu’un simple choix esthétique ; ils racontent une histoire, un héritage et parfois même une vision du monde », souligne un expert en sociolinguistique.
