Un pitch prometteur mais une diffusion confidentielle
Sur le papier, “Papamobile” avait tout d’un divertissement estival à succès : Kad Merad en pape imposteur, kidnappé par un cartel mexicain lors d’une tournée officielle. L’intrigue, mêlant humour absurde et situations improbables, promettait un ton décalé assumé.
Pourtant, contre toute attente, le long-métrage n’est projeté que dans sept petites salles à travers la France. Aucun cinéma d’Île-de-France, ni des grandes métropoles, n’a programmé le film. Pour la plupart des spectateurs, il est donc tout simplement impossible de le voir sur grand écran.
Des tensions entre production et réalisation
À l’origine de cette sortie ultra-limitée, un conflit ouvert entre le producteur et le réalisateur. La société The Jokers, qui détient les droits, estime que le film est “raté” et “pas drôle”. Elle a même choisi de ne pas investir dans la promotion ni dans les frais de sortie nationale, jugés trop élevés pour un projet qu’elle considérait voué à l’échec.
« J’avoue, c’est raté, c’est une comédie pas drôle. Ça arrive dans le métier » – déclaration du producteur au Canard Enchaîné.
De son côté, le réalisateur Sylvain Estibal, récompensé par un César en 2011, défend son œuvre en parlant d’un “côté nanar revendiqué”. Il affirme que certains spectateurs ayant vu le film l’ont trouvé “fou et amusant”, et regrette que la sortie ait été sabordée.
Une production au budget serré
Le budget du film, environ 1,2 million d’euros, est resté modeste pour une comédie avec une tête d’affiche nationale. Ce manque de moyens s’est ressenti dès le tournage, où plusieurs participants ont accepté de travailler bénévolement ou avec un salaire symbolique.
Kad Merad lui-même aurait renoncé à son cachet habituel, préférant une participation symbolique aux bénéfices potentiels pour permettre au projet d’aboutir. L’actrice Myriam Tekaïa et plusieurs techniciens auraient également suivi cet exemple, travaillant par amitié ou par conviction artistique.
Un destin déjà tourné vers les plateformes
Si la diffusion en salles reste quasi inexistante en France, “Papamobile” n’a pas encore dit son dernier mot. Le film a été préacheté par une grande plateforme et devrait être disponible en streaming dans les mois à venir. Une sortie sur OCS est également prévue, suivie d’une diffusion internationale, notamment en Allemagne et en Belgique.
Cette seconde vie pourrait permettre à “Papamobile” de toucher un public plus large, et pourquoi pas, de trouver son public malgré les critiques initiales.
Une affaire qui relance le débat sur la distribution
Le cas “Papamobile” met en lumière un problème récurrent dans l’industrie : la décision de limiter drastiquement la sortie d’un film peut sceller son sort avant même qu’il soit jugé par le public. Dans un paysage cinématographique où la concurrence est rude, certains films disparaissent ainsi des radars en quelques jours, voire quelques heures.
Pour les spectateurs curieux ou les fans de Kad Merad, l’attente se fera désormais devant un écran de télévision ou d’ordinateur, et non dans une salle obscure. Reste à savoir si cette comédie jugée “ratée” par ses producteurs deviendra un échec oublié… ou un petit objet culte pour ceux qui auront la chance de la découvrir.
Une visibilité réduite mais un buzz potentiel
Paradoxalement, cette sortie ultra-confidentielle pourrait créer un effet inverse : attiser la curiosité. Entre les critiques virulentes, les soutiens du réalisateur et le côté atypique de l’intrigue, “Papamobile” pourrait bien bénéficier d’un buzz inattendu au moment de sa sortie en streaming.
Dans un monde où les films se consomment désormais aussi bien sur grand écran que sur plateforme, la carrière de “Papamobile” est peut-être loin d’être terminée.
