La France ne compte plus que 2900 dermatologues contre 4000 il y a 15 ans

La pénurie de dermatologues devient une réalité difficile à ignorer. Moins de spécialistes, des délais qui explosent, une relève insuffisante : en quinze ans, la France est passée de 4000 dermatologues à seulement 2900. Pour les patients, obtenir un rendez-vous relève parfois du parcours du combattant.
penurie dermatologue

Une baisse continue des effectifs

Le constat est alarmant. En 2010, on comptait environ 4000 dermatologues en activité. En 2025, ils ne sont plus que 2900, selon la Société française de dermatologie. Cette diminution s’explique par plusieurs facteurs : de nombreux départs à la retraite, un nombre limité d’internes formés chaque année et une attractivité en baisse pour la spécialité.

La professeure Gaëlle Quéreux, cheffe du service de dermatologie au CHU de Nantes, alerte :

« Il y a 15 ans, on était environ 4000. Maintenant, on est 2900. La relève ne suffit pas à combler les départs en retraite. »

Des délais qui s’allongent pour les patients

Conséquence directe de cette raréfaction : les délais d’attente explosent. Dans de nombreuses régions, il faut patienter entre 3 et 6 mois pour obtenir un rendez-vous. Pour des pathologies graves comme les cancers de la peau, cette attente peut avoir des conséquences lourdes.

Dans certains territoires, consulter un dermatologue devient presque un luxe. Des patients n’hésitent plus à se tourner vers l’étranger ou à solliciter leur médecin généraliste pour des problèmes qui nécessitent un avis spécialisé.

Un numerus clausus trop restrictif

Le gouvernement a récemment fixé à 102 le nombre de nouveaux internes en dermatologie pour la rentrée universitaire 2025-2026. Un chiffre jugé insuffisant par les professionnels. La SFD plaidait pour un minimum de 125 nouveaux internes chaque année afin de compenser les départs massifs.

Pour comparaison, la France compte en moyenne 3,26 dermatologues pour 100 000 habitants, contre 5,93 en ophtalmologie. L’écart illustre bien la tension qui pèse sur la spécialité.

Un métier vieillissant

Près de la moitié des dermatologues ont aujourd’hui plus de 55 ans. Le vieillissement de la profession inquiète, car il laisse présager une aggravation de la pénurie dans les prochaines années. Selon l’Ordre des médecins, un quart des spécialistes dépasse déjà les 60 ans.

Cette situation risque de creuser encore davantage l’écart entre l’offre et la demande, surtout avec l’augmentation des cas de cancers cutanés liés à l’exposition aux UV.

Des solutions expérimentées en région

Face à la pénurie, certaines régions testent des initiatives inédites. En Occitanie, treize kinésithérapeutes ont été formés pour repérer les grains de beauté suspects. Leur rôle n’est pas de poser un diagnostic mais d’alerter et d’orienter rapidement le patient vers un dermatologue ou un généraliste.

Cette expérimentation vise à réduire les délais de détection des mélanomes, qui nécessitent une prise en charge rapide. Si les résultats sont jugés positifs, le dispositif pourrait être étendu à d’autres territoires.

Pourquoi cette crise nous concerne tous

La dermatologie n’est pas qu’une spécialité esthétique. Elle est essentielle pour dépister et traiter des maladies graves comme les cancers de la peau, dont le nombre de cas ne cesse d’augmenter en France. Le déficit actuel fragilise directement la prévention et la santé publique.

Pour les jeunes générations, la situation interroge aussi sur l’avenir de l’accès aux soins spécialisés. Les étudiants en médecine sont de plus en plus conscients de l’importance de cette spécialité, mais les quotas limités freinent leur engagement.

Et demain ?

La pénurie de dermatologues n’est pas une fatalité. Une meilleure répartition des internes, des incitations à s’installer dans les zones sous-dotées et le développement d’outils de téléconsultation pourraient alléger la pression. Mais à court terme, les patients doivent composer avec des délais souvent décourageants.

Le message des professionnels est clair : il faut investir davantage dans la formation et l’attractivité de la dermatologie pour éviter que la situation ne s’aggrave encore.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar