Pourquoi ça bouge autant à Matignon ?
Depuis la dissolution de 2024, l’Assemblée est très fragmentée. Construire une majorité stable est devenu un casse-tête. Résultat : gouvernements de courte durée, compromis difficiles, et désormais première historique sous la Ve : un chef du gouvernement tombé après avoir lui-même sollicité un vote de confiance (article 49-1).
Le moment clé de 2025
Le 8 septembre 2025, François Bayrou, à Matignon depuis décembre 2024, demande la confiance des députés pour porter un cap budgétaire dur (retour vers 3 % de déficit, réduction de la dette). L’Assemblée dit non : 364 contre, 194 pour. Il doit présenter sa démission au président.
« Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais pas celui d’effacer le réel. » — François Bayrou, à l’Assemblée nationale
La liste complète, dates et repères
Voici les Premiers ministres d’Emmanuel Macron depuis 2017, avec leurs périodes et un fait marquant. (Les fins de fonctions peuvent compter une courte période d’affaires courantes.)
Premier ministre | Période à Matignon | Faits marquants |
---|---|---|
Édouard Philippe | 15 mai 2017 → 3 juillet 2020 | Début du quinquennat, crise des Gilets jaunes, début du Covid-19. |
Jean Castex | 3 juillet 2020 → 16 mai 2022 | Gestion de la pandémie et de la relance, fin du premier mandat. |
Élisabeth Borne | 16 mai 2022 → 9 janvier 2024 | Réforme des retraites, usage répété du 49.3, début du second mandat. |
Gabriel Attal | 9 janvier 2024 → 5 septembre 2024 | Plus jeune Premier ministre, départ après la dissolution de juin 2024. |
Michel Barnier | 5 septembre 2024 → 13 décembre 2024 | Gouvernement censuré début décembre (budget/49.3), record de brièveté à Matignon. |
François Bayrou | 13 décembre 2024 → 8 septembre 2025 | Perd un vote de confiance (364–194) sur la trajectoire budgétaire. |
La chronologie en 30 secondes
- 2017–2020 : Philippe installe le macronisme à Matignon (réformes, Gilets jaunes, Covid).
- 2020–2022 : Castex gère la crise sanitaire et la réouverture.
- 2022–2024 : Borne gouverne sans majorité absolue, 49.3 à répétition.
- Juin 2024 : Dissolution surprise, législatives anticipées (30 juin et 7 juillet).
- Sept.–déc. 2024 : Barnier est censuré après un 49.3, puis démissionne.
- Déc. 2024–sept. 2025 : Bayrou tente un cap d’économies ; l’Assemblée refuse la confiance.
Et maintenant, que peut faire le président ?
Après un refus de confiance, le Premier ministre remet la démission du gouvernement. Le président peut tenter un nouveau casting à Matignon, laisser un cabinet gérer les affaires courantes… ou dissoudre l’Assemblée nationale. Juridiquement, la dissolution est de nouveau possible depuis le 8 juillet 2025 (un an après les législatives anticipées). Politiquement, c’est un pari risqué dans une chambre sans majorité claire.
À retenir
Depuis 2017, les Premiers ministres d’Emmanuel Macron ont vu leur durée à Matignon se raccourcir. L’actualité du vote de confiance perdu par François Bayrou (364–194) confirme un cycle politique où l’exécutif doit composer, convaincre… ou changer de méthode. Prochain épisode : nomination d’un nouveau chef de gouvernement ou appel aux urnes ?