Un témoignage qui fait l’effet d’une bombe
Ludivine Langlois explique qu’à seulement 19 ans, alors qu’elle était encore étudiante, elle a reçu des messages à caractère sexuel d’un homme influent gravitant autour du concours. Celui-ci, présenté comme photographe, lui aurait envoyé des SMS explicites :
« Tu es toujours vierge, Ludivine ? », « Jolies gambettes », « Tu sais, en tenue sexy, tu ne me laisses pas insensible. »
La jeune femme, choquée mais trop intimidée à l’époque, aurait tenté de répondre poliment ou de rejeter les avances en rappelant qu’elle avait un petit ami. Mais selon elle, l’homme revenait sans cesse à la charge, insistant même avec des phrases comme : « Sexy Ludivine », « tu seras ma femme ».
Une candidate isolée et vulnérable
Le contexte rendait la situation encore plus compliquée. À 19 ans, Ludivine Langlois découvrait l’univers exigeant des concours régionaux, avec l’espoir de décrocher un ticket pour l’élection nationale. Face à des propos déplacés, elle n’a pas osé prévenir les responsables :
« La première fois que j’ai mis un pied dans ce concours, j’ai entendu des propos dénigrants sur les candidates. Je n’avais pas confiance en eux. Je ne me suis jamais sentie protégée. »
Elle affirme que ce type de comportement était connu dans les coulisses mais restait un « secret de polichinelle », car les participantes craignaient de perdre leur place si elles dénonçaient quoi que ce soit.
Un livre qui libère la parole
Le témoignage de Ludivine Langlois est revenu sur le devant de la scène grâce à la parution du livre Miss France, du rêve à la réalité, signé par Hubert Guérin, ancien collaborateur de Geneviève de Fontenay. L’ouvrage compile les récits d’une soixantaine de Miss et ex-candidates, certaines évoquant des faits graves allant jusqu’aux violences sexuelles. L’auteur dit vouloir lancer un #MeToo des Miss et dénoncer l’absence de contrôles dans certains comités départementaux ou régionaux.
Pour Ludivine, ces révélations ont fait remonter de douloureux souvenirs :
« Les accusations d’Hubert Guérin ont fait remonter des souvenirs enfouis. Il y a un vrai souci au niveau des comités régionaux. Beaucoup sont gérés par des bénévoles et il y a un manque de contrôle. »
La réaction de la société Miss France
Face à la polémique, la société Miss France, désormais contrôlée par le groupe Banijay, a publié un communiqué. Son président, Frédéric Gilbert, a insisté :
« Toute forme de violence sexuelle, d’abus ou de harcèlement est inacceptable et condamnable. Si ces faits sont avérés, nous exprimons notre solidarité et notre soutien total envers les victimes. »
Il a cependant précisé que les accusations concerneraient des périodes antérieures à la prise en main du concours par Endemol puis Banijay, ajoutant que les candidates actuelles bénéficient d’une protection renforcée.
Un débat plus large sur la sécurité des Miss
Cette affaire soulève une question centrale : le concours Miss France a-t-il suffisamment évolué pour protéger ses participantes ? Beaucoup de jeunes femmes expliquent que la pression, la hiérarchie et les promesses de favoritisme rendaient difficile toute contestation. L’affaire Langlois met en lumière les failles des concours régionaux, où la surveillance est moins forte que dans l’élection nationale.
Certains anciens membres du comité estiment que les pratiques d’une époque doivent être regardées avec lucidité. Mais pour de nombreuses anciennes candidates, il s’agit avant tout de briser le silence et de faire en sorte que les nouvelles générations ne vivent pas les mêmes dérives.
Un appel à libérer la parole
Ludivine Langlois affirme ne pas avoir prévenu ses proches à l’époque. Même ses parents découvrent aujourd’hui son histoire. Pour elle, témoigner est une manière d’envoyer un signal fort :
« Il est temps de libérer la parole et de pointer du doigt le manque de contrôle dans ce concours. »