Jean-Marie Bigard raconte comment il a perdu sa fortune

Dans les années fastes, l’artiste enchaîne les tournées complètes. Les salles affichent complet, les DVD cartonnent, les passages télé s’enchaînent. Selon lui, pendant près d’une décennie, ses cachets ont atteint des niveaux stratosphériques : « 100 000 euros par jour ». À la clé, une cagnotte cumulée qu’il estime à « 80 millions d’euros » sur l’ensemble de sa carrière.
Bigard fortune tbt9

Ce rythme a un coût. Pas seulement physique. Plus les revenus montent, plus les dépenses suivent. Staff, production, déplacements, fiscalité, entourage, coups de main. L’argent circule vite quand le calendrier est plein et que l’image pèse lourd.

« Ils m’ont tout piqué » : la part des impôts… et des choix

Dans l’émission, Bigard pointe un facteur clé : la fiscalité. Il rappelle n’avoir « jamais défiscalisé dans les îles » et avoir payé « en bon citoyen ». Son constat est cash :

« De tout ce que j’ai gagné, des dizaines de millions que j’ai donnés à mon pays. Si tu payes tout ce que tu as à payer, ils te prennent tout. C’est un sketch. »

La phrase fait réagir. Elle dit une perception, pas une règle comptable universelle. Oui, quand on gagne beaucoup en France, on contribue beaucoup. Mais la facture n’explique pas tout. Dans son récit, un autre paramètre pèse : l’absence de stratégie patrimoniale solide au moment où l’argent entrait à flots.

Le piège classique des années dorées

L’humoriste reconnaît des erreurs d’investissement. Pas de portefeuille diversifié, peu ou pas de pierre, beaucoup de cash qui sort. Il l’assume : « J’aurais pu acheter dix maisons… Mais rien du tout, rien ! »

Ce scénario est fréquent chez les artistes, sportifs, créateur·rices qui explosent vite : la courbe des revenus grimpe d’un coup, mais ne reste pas éternelle. Sans stratégie (immobilier, assurance-vie, PEA, entreprises, œuvres, placements prudents), l’érosion est rapide. Les coups de cœur et les coups de main répétés prolongent l’hémorragie.

Générosité et train de vie

Bigard revendique une générosité instinctive. Des cadeaux, du soutien autour de lui, des dépenses pour faire plaisir. Rien d’illégal, rien d’inédit. Mais cumulée à un train de vie de star, à des équipes nombreuses, à des productions coûteuses, la facture explose. Quand les revenus baissent, ces charges, elles, ne s’ajustent pas au même rythme.

De l’orgueil au réel : quand le flux ralentit

Le marché du spectacle a changé. Le public aussi. Les plateformes ont déplacé l’attention. Les tournées se structurent différemment. Et la notoriété n’immunise pas contre une baisse de demande. Dans ses mots, on entend un basculement : finis les zéniths en automatique. Il faut reconstruire, négocier, revenir par étapes.

Sur le plateau, il évoque aussi la santé (diabète, douleurs). Le corps rappelle qu’il a 71 ans. Là encore, la réalité rattrape les années folles : moins de date, plus de repos, moins de marge.

Ce qu’on retient si vous démarrez votre carrière

Oui, l’histoire parle de Bigard. Mais elle est surtout utile à toutes celles et ceux qui commencent une carrière créative ou sportive. Voici des principes simples, à garder sous la main quand l’argent commence à tomber.

Anticiper la fiscalité sans l’esquiver

Être « bon citoyen », c’est payer ses impôts. Anticiper, c’est autre chose : étaler ses revenus quand c’est possible, lisser ses cachets, éviter les pics incompressibles, prévoir la trésorerie des échéances (URSSAF, TVA, IR, CSG-CRDS…). Un bon expert-comptable coûte, mais il rapporte en sérénité.

Séparer vie pro et vie perso

Deux comptes. Deux budgets. Deux rythmes. Le perso ne « pompe » pas le pro. Et le pro n’achète pas tout ce qui brille. C’est basique, mais salvateur.

Se payer d’abord (pour le futur)

Décidez d’un pourcentage fixe à mettre de côté dès l’encaissement : 20 % si possible, 10 % au minimum. Visez des actifs qui tiennent dans le temps : immobilier (résidence locative sobre), placements réguliers (ETF large, assurance-vie en fonds euros + unités de compte selon votre profil), un peu de cash de sécurité (6 mois de charges).

Ne pas confondre générosité et gestion

Aider, oui. Mais avec un cadre. Créez une enveloppe annuelle explicite « dons et coups de main ». Quand elle est vide, c’est terminé pour l’année. Vous restez généreux, sans vous mettre en danger.

Sa retraite, sa relance, sa ligne

Bigard parle d’une retraite « assez confortable » d’environ 6 000 € par mois. Ce n’est pas la misère. Mais le contraste avec les années à 100 000 € par jour est violent. Il dit vouloir remonter sur scène et « repartir de zéro ». La mécanique est simple : refaire ses preuves, cibler des salles adaptées, travailler le texte, le réseau, la présence digitale, puis regonfler la tournée.

« Ils m’ont tout piqué… donc maintenant, je ne risque plus rien. »

La punchline fera parler. Elle masque pourtant un message plus utile : personne n’est « trop célèbre » pour se planter en gestion d’argent. Ce qui sauve, c’est la discipline quand tout va bien.

Pourquoi cette histoire nous concerne

Parce qu’elle coche toutes les cases d’un parcours à risque : revenus irréguliers, pics spectaculaires, entourage large, aléas de santé, exposition médiatique, ego flatté. Parce qu’elle rappelle qu’une fortune n’est jamais un sol, mais un fluide : ça entre vite, ça sort vite. Parce que payer ses impôts n’empêche pas d’investir intelligemment. Et parce qu’on peut avoir du talent… et manquer de méthode.

La check-list anti-banquise (à épingler)

Gardez cette mini-liste pour ne pas voir votre argent « fondre comme la banquise » :

  • Vous encaissez un gros cachet ? Mettez de côté immédiatement une part pour le fisc et une part pour l’épargne.
  • Installez un budget mensuel réaliste et fixe. Le reste, c’est de l’exceptionnel.
  • Automatisez vos versements vers un compte épargne et vos placements.
  • Choisissez un conseiller sans produit à vendre, avec lettre de mission et honoraires clairs.
  • Formalisez votre générosité dans une enveloppe annuelle plafonnée.
  • Évitez les « coups » miracles. Préférez les plans lents et solides.

Le récit d’un artiste… et un mode d’emploi

Jean-Marie Bigard raconte comment il a perdu sa fortune. Entre succès, impôts, générosité et manque de stratégie, son histoire dessine un mode d’emploi inversé : tout ce qu’il aurait fallu enclencher plus tôt. Si vous débutez, inspirez-vous de ce retour d’expérience. Si vous cartonnez déjà, faites l’audit maintenant. La célébrité passe, les bons réflexes restent.

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